À Paris

A Paris
Quand un amour fleurit
Ça fait pendant des semaines
Deux cœurs qui se sourient
Tout ça parce qu'ils s'aiment
A Paris

Au printemps
Sur les toits les girouettes
Tournent et font les coquettes
Avec le premier vent
Qui passe indifférent
Nonchalant

Car le vent
Quand il vient à Paris
N'a plus qu'un seul souci
C'est d'aller musarder
Dans tous les beaux quartiers
De Paris

Le soleil
Qui est son vieux copain
Est aussi de la fête
Et comme deux collégiens
Ils s'en vont en goguette
Dans Paris

Et la main dans la main
Ils vont sans se frapper
Regardant en chemin
Si Paris a changé

Y a toujours
Des taxis en maraude
Qui vous chargent en fraude
Avant le stationnement
Où y a encore l'agent
Des taxis

Au café
On voit n'importe qui
Qui boit n'importe quoi
Qui parle avec ses mains
Qu'est là depuis le matin
Au café

Y a la Seine
A n'importe quelle heure
Elle a ses visiteurs
Qui la regardent dans les yeux
Ce sont ses amoureux
A la Seine

Et y a ceux
Ceux qui ont fait leur nid
Près du lit de la Seine
Et qui se lavent à midi
Tous les jours de la semaine
Dans la Seine

Et les autres
Ceux qui en ont assez
Parce qu'ils en ont vu de trop
Et qui veulent oublier
Alors y se jettent à l'eau
Mais la Seine

Elle préfère
Voir les jolis bateaux
Se promener sur elle
Et au fil de son eau
Jouer aux caravelles
Sur la Seine

Les ennuis
Y'en a pas qu'à Paris
Y'en a dans le monde entier
Oui mais dans le monde entier
Y a pas partout Paris
V'là l'ennui

A Paris
Au quatorze juillet
A la lueur des lampions
On danse sans arrêt
Au son de l'accordéon
Dans les rues

Depuis qu'à Paris
On a pris la Bastille
Dans tous les faubourgs
Et à chaque carrefour
Il y a des gars
Et il y a des filles
Qui sur les pavés
Sans arrêt nuit et jour
Font des tours et des tours
A Paris



Actualités

Le soleil luit
Sur les villes et sur les champs
Tout là-bas un paysan
Suit sa charrue en chantant
Deux messieurs bien
Parlant de chasse et de chiens
Dans un bar américain
Boiv'nt le whisky du matin
Un enfant bleu
Dans son berceau de bois blanc
Fermant ses yeux innocents
Meurt tout dou tout doucement
La Seine plie
Sous le ventre des chalands
Sur la berge deux enfants
S'enlacent en souriant
Cent mineurs crient
Sous le poids d'un continent
Là-haut pass' un régiment
Il y aura dix survivants
Le soleil luit
Sur les villes et sur les champs



Ami lointain

Перевод by Виктора Печака (Москва)
Далекий друг

Le cœur d'une ville inconnue
Se livre au hasard des rues
J'étais l'étranger venu là pour un soir
Et soudain j'ai croisé un regard
Ce n'était rien rien qu'un passant
Il m'a sourit sur mon chemin comme un ami
Je ne sais pas pourquoi je garde encore l'image
De ce visage plein de chaleur

Perdu dans la foule tranquille
Je suis resté immobile
Il s'est retourné un instant
Et de loin j'ai pu voir s'agiter une main
Ce n'était rien rien qu'un adieu
Ou un bonjour donné de loin
Là sur mon chemin
Mais tous les mots n'auraient pu m'en dire davantage
Que ce visage plein de chaleur

Ami lointain
Je ne sais rien
Ni de ta ville ni de ton nom
Mais j'ai gardé
Ton souvenir qui chante
Encore dans ma mémoire
Et la chaleur de ton regard

 

 

Однажды в стране неизвестной
Я в город какой-то попал,
Ни друг ни знакомый, для всех иностранец,
На улице шумной стоял.

Но вдалеке я вижу вдруг -
Какой-то парень улыбнулся мне как друг.
Он обернулся проходя своей дорогой,
И потерялся в толпе вокруг.

А толпы людей как обычно
Шумели вокруг безразлично.
И только улыбка того человека
Согрела надеждой меня.

Он не сказал ни слова мне,
Но теплым взглядом объяснился он вполне.
Слова любые не смогли б сказать так много
Как та улыбка в чужой стране.

Далекий друг, мне не узнать
Где ты живешь и как тебя я должен звать.
Но я запомнил теплоту твоей улыбки,
И взгляд твой жив во мне опять



Au cabaret de la dernière chance

Il y a ceux qui rêvent les yeux ouverts
Et ceux qui vivent les yeux fermés
Ceux pour qui tout va tout à l'envers
Jamais le cœur abîmé, résigné
Si quelques paumés de l'univers
Au cabaret de la dernière chance
Se retrouvent autour d'un dernier verre
Viens prendre un air d'insouciance
Et danse!

Si quelques paumés de l'univers
Au cabaret de la dernière chance
Se retrouvent autour d'un dernier verre
Viens prendre un air d'insouciance
Et danse!

Il y a ceux qui rêvent les yeux ouverts
Et ceux qui vivent les yeux fermés
Ceux pour qui tout va tout à l'envers
Jamais le cœur abîmé, résigné
Si quelques paumés de l'univers
Au cabaret de la dernière chance
Se retrouvent autour d'un dernier verre
Viens prendre un air d'insouciance
Et danse!

Il y a ceux qui rêvent les yeux ouverts
Et ceux qui vivent les yeux fermés
Ceux pour qui tout va tout à l'envers
Jamais le cœur abîmé, résigné
Si quelques paumés de l'univers
Au cabaret de la dernière chance
Se retrouvent autour d'un dernier verre
Viens prendre un air d'insouciance
Et danse!

Si quelques paumés de l'univers
Au cabaret de la dernière chance
Se retrouvent autour d'un dernier verre
Viens prendre un air d'insouciance
Et danse!

Il y a ceux qui rêvent les yeux ouverts
Et ceux qui vivent les yeux fermés
Ceux pour qui tout va tout à l'envers
Jamais le cœur abîmé, résigné
Si quelques paumés de l'univers
Au cabaret de la dernière chance
Se retrouvent autour d'un dernier verre
Viens prendre un air d'insouciance
Et danse!



Aux marches du palais

Aux marches du palais
Aux marches du palais
Y a une tant belle fille lonla,
Y a une tant belle fille.

Elle a tant d'amoureux
Qu'elle ne sait lequel prendre.

C'est un p'tit cordonnier
Qu'a eu sa préférence.

C'est en la lui chaussant
Qu'il lui fit sa demande.

La belle si tu voulais
Nous dormirions ensemble.

Dans un grand lit carré
Orné de toile blanche.

Aux quatre coins du lit
Un bouquet de pervenches.

Dans le mitan du lit
La rivière est profonde.

Tous les chevaux du roi
Pourraient y boire ensemble.

Et nous y dormirions
Jusqu'à la fin du monde.



Bal petit bal

C'était le soir d'un quatorze juillet
Quelques lampions qui tremblaient sur un fil
Faisaient briller solitaire et discret
Un petit bal au milieu de la ville

Bal petit bal
Où je t'ai connue
Souviens-toi
Tu n'étais pour moi
Ce soir-là
Rien qu'une inconnue
Bleus ou bien verts
Tes yeux lumineux sont si clairs
Ils m'ont mis la tête à l'envers
Sur un air de fête
Je me souviens du patron sympathique
Qui disputait politique avec l'agent flegmatique
Et pour nous deux un seul musicien paresseux
Et le vent léger qui faisait voler tes cheveux

Et quand le dernier lampion s'est éteint
Un grand amour était né dans la ville
C'était le nôtre dansant au matin
Dans le petit bal devenu tranquille

Bal petit bal
Où je t'ai connue
Souviens-toi
Tu n'étais pour moi
Ce soir-là
Rien qu'une inconnue
Bleus ou bien verts
Tes yeux lumineux sont si clairs
Ils m'ont mis la tête à l'envers
Sur un air de fête
Ah! mes amis ce fut une belle noce
Le patron et ses huit gosses étaient venus en carrosse
Et maintenant nous voilà clients pour longtemps
De ce petit bal où l'amour un soir en dansant
Nous a réunis pour tout' la vie.



Barbara

Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas

Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas

Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sur la mer
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara

Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien



Battling Joe

Dans un village noir de charbon
Dans les ch'minées et les corons
Tout p' tit il battait ses copains
Il était fier de ses deux poings
Presqu' autant qu' son père le mineur
Qui disait: " Ça f' ra un boxeur "
Le jour de son premier combat
Fallait un nom, l' en avait pas
Comme la mode était à l' anglais
Il s' appela " Battling Joe "

Battling Joe
C' était un peu démesuré
Pour un gosse aux épaules étroites
Mais qui avait une méchante droite

Battling Joe
Il gagna son premier combat
Et le soir même avec papa
Il prenait le train pour Paris
Où un boxeur ça vaut son prix

Battling Joe
Il croyait bien en f'sant c' truc-là
Être plus libre mais voilà
Qui dit boxeur dit manager
Le sien avait une poigne de fer
C' était un gars très régulier
Qui pour justifier la moitié
Des bourses de tous ses combats
Lui fit mener une vie d' forçat
" On n' est pas là pour rigoler "
Qu' il disait à Battling Joe

Battling Joe
Devint un boxeur redouté
Battling faisait des gross' recettes
Battling devint une gross' vedette

Battling Joe
Les dames disaient tout près du ring
" Il est délicieux ce Battling "
Et elles admiraient son moral
Sans penser qu' les coups ça fait mal

Battling Joe
Battling devint un grand champion
Jusqu' au triste soir où un gnon
Lui embrouilla soudain les yeux
L' manager dit: " C'est pas sérieux!
Tu d' viens feignant, fait ton métier
Boxe rime pas avec pitié..."
La foule eut p' t' êtr' tort ce soir-là
De siffler la fin du combat
Malgré les lampes et leurs éclairs
Battling Joe... hé Joe... ne voyait plus clair

Battling Joe
C' est un nom mait' nant oublié
Une triste silhouette qui penche
Appuyée sur une canne blanche

Battling Joe
A tout perdu en un seul soir
Ses yeux son titre et son espoir
Mais il sait comme consolation
Son manager a d' autres champions

Battling Joe



C'est à l'aube

C'est à l'aube
C'est à l'aube
Qu'on achève les blessés
Qu'on réveille les condamnés
Qui ne reviendront jamais
C'est à l'aube
C'est à l'aube
A l'heure triste où le jour point
Qu'on regarde son destin
Dans les yeux
A la croisée des chemins,
Les hommes crispent leurs poings
Pour l'adieu
C'est à l'aube
C'est à l'aube
De demain

C'est à l'aube
C'est à l'aube
Que se meurent les amours
Que l'on renie les "toujours"
Quand va se lever le jour
C'est à l'aube
C'est à l'aube
A l'heure triste où le jour point
Qu'on se blottit dans un coin
Malheureux
C'est l'heure où ma main
Cherche vainement ta main
D'homme heureux
C'est à l'aube
C'est à l'aube
De demain

Mais à l'aube
Mais à l'aube
Renaissent tous les espoirs
Et l'amour des grands départs
Vers les mondes de l'espoir
Mais à l'aube
Mais à l'aube
Au matin de nos destins
S'éveillent des lendemains
Merveilleux
Dans la gloire du matin
J'ai le monde dans ma main
Ah! mon Dieu
Car c'est l'aube
Car c'est l'aube
C'est demain!



C'est si bon

Je ne sais pas s'il en est de plus blonde,
Mais de plus belle, il n'en est pas pour moi.
Elle est vraiment toute la joie du monde.
Ma vie commence dès que je la vois
Et je fais "Oh!",
Et je fais "Ah!".

C'est si bon
De partir n'importe ou,
Bras dessus, bras dessous,
En chantant des chansons.
C'est si bon
De se dir' des mots doux,
Des petits rien du tout
Mais qui en disent long.

En voyant notre mine ravie
Les passants, dans la rue, nous envient.
C'est si bon
De guetter dans ses yeux
Un espoir merveilleux
Qui donne le frisson.
C'est si bon,
Ces petit's sensations.
Ça vaut mieux qu'un million,
Tell'ment, tell'ment c'est bon.

Vous devinez quel bonheur est le nôtre,
Et si je l'aim' vous comprenez pourquoi.
Elle m'enivre et je n'en veux pas d'autres
Car elle est tout's les femmes à la fois.
Ell' me fait : "Oh!". Ell' me fait : "Ah!".

C'est si bon
De pouvoir l'embrasser
Et pui de r'commencer
A la moindre occasion.
C'est si bon
De jouer du piano
Tout le long de son dos
Tandis que nous dansons.

C'est inouï ce qu'elle a pour séduire,
Sans parler de c'que je n'peux pas dire.
C'est si bon,
Quand j'la tiens dans mes bras,
De me dir'que tout ça
C'est à moi pour de bon.
C'est si bon,
Et si nous nous aimons,
Cherchez pas la raison :
C'est parc'que c'est si bon,
C'est parce que c'est si bon,
C'est parce que c'est si bon.



Ce Monsieur-là

Ce Monsieur-là vivait tranquille
Le nez, le front, le cœur moyens,
Il travaillait dans les textiles
Et son bureau lui plaisait bien.
Il se couchait vers les neuf heures
Et ne rêvait jamais à rien,
Heureux d'avoir sa montre à l'heure
Et sa femme qui cuisinait bien,
Il aimait bien la vie d'famille
Il aimait bien faire sa manille
Ce Monsieur-là
Il aimait bien son tabac gris
Et son billard tous les samedis
Ce Monsieur-là
Comme tous les gens qu'la vie essouffle
Il n'était heureux qu'en pantoufles,
Et trouvait que tout allait bien
Puisqu'il ne lui arrivait rien.

Mais un jour dans sa vie en rose
Il est arrivé quelque chose
Qu'est-c'que c'est qu'ça?
Il mit ses lunettes pour mieux voir
Bon sang, bon sang, bon sang de bon soir
Qu'est-c'que c'est qu'ça?
Ce n'était qu'une lettre anonyme
"Mon cher, ta femme a un a... mant
J'vous demande un peu à quoi sa rime
Mais si c'est vrai c'est embêtant
Tous les mardis, trois rue Bergère
C'est fou ce qu'il fait mal ses trois
Et d'abord qu'est-ce que ça peu faire
Ça ne m'intéresse pas

Il aimait trop la vie de famille
Il aimait trop faire sa manille
Ce Monsieur-là
Mais il avait l'eprit ailleurs
Il se faisait couper ses cœurs
Ce Monsieur-là
Et comme ça lui enflait la tête
Il a demandé pour des emplettes
Un petit congé de deux heures pas plus
Et a bondi dans l'autobus,

{Parlé:}
"Numéro trois d'la rue Bergère
A droite sous la porte cochère
Trois coups d'sonnette on ouvrira"
Oh, je vous demande pardon
J'étais sûr que j'me trompe
Tonnerre, tonnerre de nom de d'là,
Qu'est-c'que c'est qu'ça?

Ce n'était que sa chère Adèle
Près d'un monsieur en pyjama,
Sur une chaise une paire de bretelles,
Sur le lit une robe en taffetas,
Sur la cheminée une statue,
Un bronze du vieux roi Dagobert,
Deux bons kilos à mains tendues.....
Et ça n'a fait qu'un fait divers.

Il n'était plus du tout tranquille,
Il se faisait une drôle de bile,
Ce Monsieur-là!
Ce n'est pas gai d'être criminel
Faut tous les jours changer d'hôtel,
Pauv' Monsieur-là!
Tout son bonheur était par terre,
Il en pleurait des nuits entières,
Tout ça pourquoi j'vous demande un peu
Pour ces vingt mots sur papier bleu
En les regardant davantage
Il vit une phrase au bas d'la page,
Qu'est-c'que c'est qu'ça?
C'était signé, ni plus ni moins
"Un ami qui vous veut du bien".



Chanson des escargots qui vont à l'enterrement

A l'enterrement d'une feuille morte
Deux escargots s'en vont
Ils ont la coquille noire
Du crêpe autour des cornes
Ils s'en vont dans le soir
Un très beau soir d'automne
Hélas quand ils arrivent
C'est déjà le printemps
Les feuilles qui étaient mortes
Sont toutes ressuscitées
Et les deux escargots
Sont très désappointés
Mais voilà le soleil
Le soleil qui leur dit
Prenez prenez la peine
La peine de vous asseoir
Prenez un verre de bière
Si le cœur vous en dit
Prenez si ça vous plaît
L'autocar pour Paris
Il partira ce soir
Vous verrez du pays
Mais ne prenez pas le deuil
C'est moi qui vous le dis
ça noircit le blanc de l'œil
Et puis ça enlaidit
Les histoires de cercueils
C'est triste et pas joli
Reprenez vos couleurs
Les couleurs de la vie
Alors toutes les bêtes
Les arbres et les plantes
Se mettent à chanter
A chanter à tue-tête
La vraie chanson vivante
La chanson de l'été
Et tout le monde de boire
Tout le monde de trinquer
C'est un très joli soir
Un joli soir d'été
Et les deux escargots
S'en retournent chez eux
Ils s'en vont très émus
Ils s'en vont très heureux
Comme ils ont beaucoup bu
Ils titubent un p'tit peu
Mais là-haut dans le ciel
La lune veille sur eux.



Chant des partisans

Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne?
Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme.
Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes.

Montez de la mine, descendez des collines, camarades!
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.
Ohé, les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite!
Ohé, saboteur, attention à ton fardeau: dynamite...

C'est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères.
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère.
Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rèves.
Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève...

Ici chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait quand il passe.
Ami, si tu tombes un ami sort de l'ombre à ta place.
Demain du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes.
Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute...

Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu'on enchaîne?
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines?
Oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh...



Clémentine

Sous un léger corsage qui fait des plis
Deux petits seins bien sages
Comme c' est joli
J' allais vers la colline
Sous un grand ciel tout bleu
Et je voyais briller les yeux
De Clémentine, de Clémentine

Elle descendait sur le chemin
Disait bonjour avec sa main
J' avais seize ans comme elle
Je la trouvais si belle
Que je n' osais pas lui parler
Et sur le bord de la rivière
Je la regardais s' en aller
Ses cheveux blonds comme une crinière
Et son jupon flottant si haut
Qu' on voyait ses jarretières
Elle a trébuché sur une pierre
Elle est tombée dans l' eau

Sous un léger corsage qui fait des plis
Deux petits seins bien sages
Comme c' est joli
J' allais vers la colline
Sous un grand ciel tout bleu
Et je voyais briller les yeux
De Clémentine, de Clémentine

Quand je l' ai vue tomber dans l' eau
Moi j' ai couru dans les roseaux
J' avais seize ans comme elle
Je ta trouvais si belle
Que j' ai plongé pour la sauver
Mais j' ai coulé dans la rivière
Car je ne savais pas nager
C' est elle qui m' a ramené à terre
Toute mouillée contre mon corps
Sa poitrine était douce
Nous étions couchés sur la mousse
Elle m' a serré très fort

Un peu beaucoup et même
À la folie
La première fois qu' on aime
Comme c' est joli
Les amours enfantines
Quels secrets merveilleux
Je vois toujours briller les yeux
De Clémentine, de Clémentine



Clopin-Clopant

Clopin-Clopant Je suis né avec des yeux d'ange
Et des fossettes au creux des joues
J'ai perdu mes joues et mes langes
Et j'ai cassé tous mes joujoux.
Je m'suis regardé dans un' glace
Et j'ai vu que j'avais rêvé
Je m'suis dit: faudra bien qu'j'm'y fasse...
Tout finira par arriver...

Refrain:
Et je m'en vais clopin-clopant
Dans le soleil et dans le vent,
De temps en temps le cœur chancelle...
Y a des souv'nirs qui s'amoncellent...
Et je m'en vais clopin-clopant
En promenant mon cœur d'enfant...
Comme s'envole une hirondelle...
La vie s'enfuit à tire-d'aile...
Ça fait si mal au cœur d'enfant
Qui s'en va seul, clopin-clopant...

Tout l'amour que l'on a vu naître...
Tes lèvres douces, parfum de miel...
Nos deux fronts contre la fenêtre...
Nos regards perdus dans le ciel...
Le train noir hurlant dans la gare...
Le monstrueux désert des rues...
Tes mots d'adieu, tes mots bizarres...
Depuis dix mois, tu n'écris plus...

Refrain



Cornet de frites

Dans un cornet de papier
Près du quai de la Rapée
Un jour on s'était payé des frites
Moi j'avais les mains graisseuses
Mais toi tu restais gracieuse
Et tu mangeais malicieus' tes frites
Pour égayer ton sourire
Des fleurs j'aurais pu t'offrir
Mais t'as préféré sans rire des frites
Voilà comment les amoureux
Font leur bonheur avec un peu
Un peu d'soleil et pour eux deux
Un cornet d'frites

Avec les beaux jours qui reviennent
Le long des quais on se promèn'
En grignotant le long d'la Seine
Un cornet d'frites
Quand on a tout mangé
On r'tourn' en acheter
Puis on rentre s'aimer
Bien vite
Voilà comment les amoureux
Font leur bonheur avec un peu
Un peu d'soleil et pour eux deux
Un cornet d'frites

J'pens' à tout ça tristement
Tout seul en plein dans l'vent
En fac' du marchand qui vend des frites
Ça coût' vingt-cinq francs l'cornet
J'ai pas l'premier sou en poche
Et ce soir la vie est moche bien moche
Mais moi je n'sais pas mendier
Je n'sais pas non plus pleurer
Tout c'que j'peux faire c'est rêver de frites
Comme autrefois quand tous les deux
Nous vivions des jours merveilleux.

Un peu d'soleil et pour nous deux
Un cornet d'frites
Et quand les beaux jours revenaient
Bras d'ssus bras d'ssous on s'en allait
Manger à deux le long des quais
Un cornet d'frites
Et puis on s'est quitté
Et tout fut effacé
L'bonheur était passé
Trop vite
Je me souviens des jours heureux
Au temps où nous allions tous deux
Grignoter sur les bords d'la Seine
Un cornet d'frites



Dans les plaines du far-west

Dans les plaines du Far-West, quand vient la nuit,
Les cow-boys, dans leur bivouac, sont réunis.
Près du feu, sous le ciel de l'Arizona,
C'est la fête aux accords d'un harmonica.
Et leurs chants, que répètent les échos,
Syncopés par le rythme d'un banjo.
Dans les plaines du Far-West quand vient la nuit,
Les cow-boys, dans leur bivouac, sont réunis.

Dans les plaines du Far-West, quand vient la nuit,
Les cow-boys, dans leur bivouac, sont réunis.
Près du feu, sous le ciel de l'Arizona,
C'est la fête aux accords d'un harmonica.
Et leurs chants, que répètent les échos,
Syncopés par le rythme d'un banjo.
Dans les plaines du Far-West quand vient la nuit,
Les cow-boys, dans leur bivouac, sont endormis.



Dans ma maison

Dans ma maison vous viendrez
D'ailleurs ce n'est pas ma maison
Je ne sais pas à qui elle est
Je suis entré comme ça un jour
Il n'y avait personne
Seulement des piments rouges accrochés au mur blanc
Je suis resté longtemps dans cette maison
Personne n'est venu
Mais tous les jours et tous les jours
Je vous ai attendue

Je ne faisais rien
C'est à dire rien de sérieux
Quelquefois le matin
Je poussais des cris d'animaux
Je gueulais comme un âne
De toutes mes forces
Et cela me faisait plaisir
Et puis je jouais avec mes pieds
C'est très intelligent les pieds
Ils vous emmènent très loin
Quand vous voulez aller très loin
Et puis quand vous ne voulez pas sortir
Ils restent là ils vous tiennent compagnie

Et quand il y a de la musique ils dansent
On ne peut pas danser sans eux
Faut être bête comme l'homme l'est si souvent
Pour dire des choses aussi bêtes
Que bête comme ses pieds gai comme un pinson
Le pinson n'est pas gai
Il est seulement gai quand il est gai
Et triste quand il est triste ou ni gai ni triste
Est-ce qu'on sait ce que c'est un pinson
D'ailleurs il ne s'appelle pas réellement comme ça
C'est l'homme qui a appelé cet oiseau comme ça
Pinson pinson pinson pinson

Comme c'est curieux les noms
Martin Hugo Victor de son prénom
Bonaparte Napoléon de son prénom
Pourquoi comme ça et pas comme ça
Un troupeau de bonapartes passe dans le désert
L'empereur s'appelle Dromadaire
Il a un cheval caisse et des tiroirs de course
Au loin galope un homme qui n'a que trois prénoms
Il s'appelle Tim-Tam-Tom et n'a pas de grand nom
Un peu plus loin encore il y a n'importe qui
Beaucoup plus loin encore il y a n'importe quoi
Et puis qu'est-ce que ça peut faire tout ça

Dans ma maison tu viendras
Je pense à autre chose mais je ne pense qu'à ça
Et quand tu seras entrée dans ma maison
Tu enlèveras tous tes vêtements
Et tu resteras immobile nue debout avec ta bouche rouge
Comme les piments rouges pendus sur le mur blanc
Et puis tu te coucheras et je me coucherai près de toi
Voilà
Dans ma maison qui n'est pas ma maison tu viendras.



Dansons la rose (Roses de Picardie)

Dire que cet air
Nous semblait vieillot
Aujourd'hui
Il me semble nouveau
Et puis surtout
C'était toi et moi
Ces deux mots
Ne vieillissent pas
... Souviens-toi
Ça parlait
De la Picardie
Et des roses
Qu'on trouve là-bas
Tous les deux
Amoureux
Nous avons dansé
Sur les roses
De ce temps-là.



De Shanghaï à Bangkok

De Shanghaï à Bangkok sur une coque de noix
Sydney à Caracas les jours qui passent sans toi
Traînant de port en port l'ennui à bord le bourdon
Je repense au retour dans quelques jours c'est long
C'est pour toi ma jolie que je suis sorti vainqueur
De ces îles perdues où l'on tue où l'on meurt
J'ai jeté par dessus bord tous mes remords ma conscience
Pour sortir victorieux du cap de désespérance

Je t'avais promis en te quittant
D'aller conquérir un continent
De piller toute la fortune de la terre
Il y en aurait tant qu'on n'en saurait que faire
Je t'avais promis en te quittant
Des pièces d'or pour ton bracelet
Je crois que c'est raté

De Shanghaï à Bangkok parmi les docks j'ai flâné
Les filles de couleur m'offraient leur cњur à aimer
Quand j'avais trop le noir j'allais les voir et pourtant
C'est toi qui as mon cњur jolie fleur que j'aime tant
En croyant m'enrichir j'ai vu périr mes dollars
Aux dés ou au poker jeux de l'enfer du hasard
Quand le piano à bretelles jouait le fameux air que t'aimais
Je ne suis pas mélomane mais le vague à l'âme me prenait

Je t'avais promis en te quittant
De revenir chargé de diamants
De quoi faire pâlir le soleil et la lune
Mais je n'ai que la peau et les os pour seule fortune
Je t'avais promis en te quittant
De pouvoir te mériter
Je crois que c'est raté

Adieu Shanghaï Bangkok et ma défroque de marin
Car la prochaine escale c'est le canal Saint-Martin
Je n'aurai pour merveille qu'un peu de soleil dans les mains
Mais quand on se retrouvera
Le bonheur qu'on se paiera
Vaudra bien quelques millions de carats
Et je crois que nous serons bien assez riches comme ça



Des "Je t'aime"

Toi qui pars dans les planètes
pour voir si là haut
il y a des pâquerette
et des coquelicots
1000 excuses mon copain
si je ne te suis pas
je n'ai pas l'pied aérien
moi, je reste en bas

Refrain:
Des je t'aime, des je t'aime longs, longs, longs
Longs comm' les 22 stations Neuilly-Vincennes
Des serments, des serments de chevaux d'bois
Qui s'enroulent sur les toits
Et des rengaines

Des baisers, des baisers à plein bouquets
Tout comme s'il en pleuvait
Au 1er Mai
De l'amour, du bel Amour à crédit
Du bel Amour pour la vie
On n'voit ça qu'ici

Des fois qu'il y aurait là-haut
Un Ménilmontant
Donne moi vit' le tuyau
Et je suis partant
Mais avant de m'envoler
Dis-moi si j'peux trouver
Un' môm' comm' cell' que tu vois
Pendue à mon bras



Elle a ...

Si vous rencontrez sur la route
Un p'tit bout d'femme pas plus grand qu'ça,
Vous vous direz sans aucun doute
Qu'elle est mignonne et puis voilà.
Pour moi, c'est mon bouquet de rire
Et la raison de mes tourments,
C'est aussi, cela va sans dire,
Mon grand amour pour le moment.

Elle a des yeux
C'est merveilleux
Et puis des mains
pour mes matins
Elle a des rires
Pour me séduire
Et des chansons
Bo le le la
Bo la ...
Elle a, elle a
Des tas de choses
Des choses en rose.

Ne trouvez-vous pas qu'elle est belle?
Et que j'ai raison d'en parler?
A chaque instant je pense à elle,
Mais n'allez pas lui répéter.
On est si bête quand on aime,
On se répète à chaque fois,
Evidemment c'est la troisième,
Mais surtout ne lui dites pas.

Elle a des yeux
C'est merveilleux
Et puis des mains
pour mes matins
Elle a des rires
Pour me séduire
Dans ma chanson
Bo le le la
Bo le le lo la ...
Il y a elle
Rien que pour moi
Enfin... je l'crois.



En sortant de l'ecole

En sortant de l'école
nous avons rencontré
un grand chemin de fer
qui nous a emmenés
tout autour de la terre
dans un wagon doré.
Tout autour de la terre
nous avons rencontré
la mer qui se promenait
avec tous ses coquillages
ses îles parfumées
et puis ses beaux naufrages
et ses saumons fumés.
Au-dessus de la mer
nous avons rencontré
la lune et les étoiles
sur un bateau à voiles
partant pour le Japon
et les trois mousquetaires des cinq doigts de la main
tournant la manivelle d'un petit sous-marin
plongeant au fond des mers
pour chercher des oursins.
Revenant sur la terre
nous avons rencontré
sur la voie de chemin de fer
une maison qui fuyait
fuyait tout autour de la terre
fuyait tout autour de la mer
fuyait devant l'hiver
qui voulait l'attraper.
Mais nous sur notre chemin de fer
on s'est mis à rouler
rouler derrière l'hiver
et on l'a écrasé
et la maison s'est arrêtée
et le printemps nous a salués.
C'était lui le garde-barrière
et il nous a bien remerciés
et toutes les fleurs de toute la terre
soudain se sont mises à pousser
pousser à tort et à travers
sur la voie de chemin de fer
qui ne voulait plus avancer
de peur de les abîmer.
Alors on est revenu à pied
à pied tout autour de la terre
à pied tout autour de la mer
tout autour du soleil
de la lune et des étoiles
A pied à cheval en voiture et en bateau à voiles.



Et la fête continue

Debout devant le zinc
Sur le coup de dix heures
Un grand plombier zingueur habillé en dimanche et pourtant c'est lundi
Chante pour lui tout seul
Chante que c'est jeudi
Qu'il n'ira pas en classe que la guerre est finie et le travail aussi.
Que la vie est si belle et les filles si jolies et titubant devant le zinc
Mais guidé par son fil à plomb il s'arrête pile devant le patron
Trois paysans passeront et vous paieront puis disparaît dans le soleil
Sans régler les consommations disparaît dans le soleil
Tout en continuant sa chanson
La la la la la….
Que la vie est si belle et les filles si jolies et titubant devant le zinc
Mais guidé par son fil à plomb il s'arrête pile devant le patron
Trois paysans passeront et vous paieront puis disparaît dans le soleil
Sans régler les consommations disparaît dans le soleil
Tout en continuant sa chanson
La la la la la…



Giroflé girofla

Que tu as de beaux champs d'orge! Giroflé - girofla
Ton verger de fruits regorge :
le bon temps est là...
Entends - tu ronfler la forge? Giroflé - girofla
L'canon les fauchera ,l'cannon les fauchera!

Que tu as la maison douce! Giroflé - girofla
L'ombre y dort ,la fleur y pousse ,
l' bonheur y viendra...
Voit la lune qui devient rousse... Giroflé - girofla
L'avion la brûlera ,l'avion la brûlera!

Que tu as de belles filles! Giroflé - girofla
Dans leurs yeux ,où le soleil brille ,
l'amour descendra...
Sur la plaine on se fusille... Giroflé - girofla
L'soldat les violera ,l'soldat les violera!

Que tes fils sont forts et tendres! Giroflé - girofla
C'est plaisir de les entendre :
à qui chantera!
Dans huit jours on vients les prendre... Giroflé - girofla
L'corbeau les mangera ,l'corbeau les mangera!

Tant qu'y aura des militaires , Giroflé - girofla,
soit ton fils ,soit le mien,
on n'verra par toute la terre
jamais rien de bien...
On t'tuera pour te faire taire,
par derrière comme un chien...
Et tout ça pour rien!
Et tout ça pour rien!



Hollywood

Sa mère dansait dans les bars imitant Jean Harlow
Son père lançait des poignards au cirque à Buffalo
Puis un jour on lui a dit "go west" et il a pédalé
De New-York à Los Angeles sur un vélo volé
Alors il a usé ses coudes à frotter les comptoirs
Avec une étoile d'Hollywood qui perdait la mémoire
Le long de Sunset Boulevard bras dessus, bras dessous
Ils perdaient leurs derniers dollars dans les machines à sous
Un jour Benjamin Chancard le cousin ou le frère
Du type qui joue du cithare à la cour d'Angleterre
A gagné aux dés le droit d'être son seul amant
Ils sont allés vivre à trois dans son appartement
Elle ramenait des voyageurs, des collégiens timides
Qui pouvaient faire deux dollars l'heure, quelques Polaroïd
Ses deux amants dans la cuisine pour ne pas qu'ils regardent
En deux mois ils jouaient tout Gershwin sur des verres à moutarde
Ils ont fait du music hall déguisés en Hindou
Elle dansait en Baby Doll sur Rapsodie in blue
Elle a fini sous le capot d'une Dodge ou Cadillac
Il a ramassé son chapeau et l'autre a pris son sac
Puis ils ont continué leur vie d'Hindou errant
Et puis il est retourné vivre chez ses parents
Sa mère devenue trop laide pour jouer Jean Harlow
Son père avait tué son aide au cirque à Buffalo



Idylle Philomènale

Quand j'ai croisé la martine,
C'était par un beau matin
J'allais ach'ter des bottines
Et lui trouvais très beau teint.
Nous partîmes en limousine,
Visiter le Limousin
Après comme on le devine
Ma p'tite femme elle devint.

Ma concierge qui est amène
Tous les matins m'serr' la main
Mêm' qu'au moment des étrennes
Dans ses bras elle m'étreint
Cela m'attire des scènes
Que je suppose à dessein
Pour ne pas qu'ma Philomène
Un beau jour ne m'file aux mains.

Son manteau de ballerine
Gentiment lui bat les reins,
Sa robe de percaline
Lui vient de son père câlin.
Pendant que je me surmène
Dans un travail surhumain
Elle arpente l'av'nue du Maine
En t'nant son fichu d'une main.

Comm' j'ai un chien et une chienne
Qui me vienn'nt d'un autrichien
Ma p'tit femm' qui est vosgienne
Me dit : "Pour él'ver vos chiens
Vous aurez beaucoup de peine
Car au pays transalpin
J'ai connu un' helvétienne
Qu'a jamais pu él'ver l'sien "
Et voilà!



J'avions reçu commandement (Le conscrit)

J'avions reçu commandement
De partir pour la guerre
Je ne me soucions point pourtant
D'abandonner notre mère
Pourtant l'a ben fallu
J'ai pris mon sac et je suis venu
Pourtant l'a ben fallu
J'ai pris mon sac et je suis venu

Y m'ont donné un grand fusil
Une sabre, une gibecière
Une grande capote, un grand t'habit
Pendant jusqu'au darrière
Et fallait se tenir drait
Aussi drait qu'un pic un piquet
Et fallait se tenir drait
Aussi drait qu'un pic un piquet

Y'en avait sur leurs chevaux
Qui faisaient bien deux mètres
Avec deux ou trois plus de zoziau
Plantés dessus leur tête
Et des poils d'artillon
Tout alentour de leurs talons
Et des poils d'artillon
Tout alentour de leurs talons

Y m'ont placé en faction
Devant une citadelle
Ceux qui n'connaissions point mon nom
M'appelions "sentinelle! "
A chaque chat qui passait
Fallait crier "quou qu'chi, quou qu'chai"
A chaque chat qui passait
Fallait crier "quou qu'chi, quou qu'chai"

Y m'ont mené dans un grand champ
Qu'appelions champ de bataille
On s'étripait, on s'épiaulait
C'était pis que de la volaille
Ma foi, la peur m'a pris
J'ai pris mon sac et je suis parti.
(variante) J'ai pris mon sac et me voici!



Je me souviens

Ô la nostalgie à retrouver de vieilles cartes postales
Où le ciel est toujours bleu l'arbre toujours vert la mer étale
Sans doute on ne les met dans l'album que pour les photographies
Je suis seul à savoir ce que l'écriture au dos signifie
Les diminutifs les phrases banales

Au-dessus de ce monde mort on voit traîner des cerfs-volants
Poignées de main de Castelnaudary bons baisers du Mont-Blanc
Un bonjour de Saint-Jean-de-Luz salutations de la Baule
Je suis depuis trois jours ici c'est plein de Parisiens très drôles
Nous avons fait un voyage excellent

Je me souviens de nuits qui n'ont été rien d'autre que des nuits
Je me souviens de jours où rien d'important ne s'était produit
Un café dans le bois près de la gare Saint Nom La Bretèche
Le bonheur extraordinaire en été d'un verre d'eau fraîche
Les Champs-Elysées un soir sous la pluie



Je suis venu à pied

Venus des quatre coins d'Paris
Vous voilà ce soir réunis
Mesdam' Messieurs , bonsoir à vous
C'est gentil d' être venu chez nous
Chacun du mieux qu'il a pu
A pris un fiacre ou l' autobus.
Certains sont venus en auto
Beaucoup d' autr's ont pris le métro

Moi , je suis venu à pied
Doucement sans me presser
J ' ai marché à pied , à pied
J étais sûr de vous trouver
Je m' suis donc pas pressé
En marchant à pied , à pied
Dans la rue il faisait bon
Je m' fredonnais un' chanson
Avec le d'ssous d'mes talons
J'aurais pu sans m' fatiguer
Traverser Paris entier
En marchant à pied , à pied.

Je m' déambulais au hasard
Je vais partout , je vais nulle part
Mais simplement pour voir des rues
Les belles boutiques sur les av'nues
Et les filles au sourire gracieux
Pendues au bras d' leurs amoureux
Les crieurs de journaux du soir
Les enfants qui jouent dans les squares.

Ah! c' que la vie peut êtr' belle!
Y' a des fill's en ribambell'
Tout autour de mes semelles
J' me sens si léger , léger
J' voudrais tout's les embrasser
Mais je suis toujours roulé
J'espère un jour rencontrer
L' vrai bonheur à la portée
Du bout de l'un d' mes souliers
Je suis sûr de le trouver
Quitte à faire le monde entier
En marchant à pied, à pied
En marchant à pied, à pied.



Je t'aime

Je t'aime pour toutes les femmes
Que je n'ai pas connues
Je t'aime pour tout le temps
Où je n'ai pas vécu
Pour l'odeur du grand large
Et l'odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond
Pour les premières fleurs
Pour les animaux purs
Que l'homme n'effraie pas
Je t'aime pour aimer
Je t'aime pour toutes les femmes
Que je n'aime pas

Qui me reflète sinon toi-même
Je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien
Qu'une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Il y a eu toutes ces morts
Que j'ai franchies
Sur de la paille
Je n'ai pas pu percer
Le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre
Mot par mot la vie
Comme on oublie

Je t'aime pour ta sagesse
Qui n'est pas la mienne
Pour la santé je t'aime
Contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce cњur immortel
Que je ne détiens pas
Que tu crois être le doute
Et tu n'es que raison
Tu es le grand soleil
Qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi
Quand je suis sûr de moi

Tu es le grand soleil
Qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi
Quand je suis sûr de moi



L'addition

Des jours heureux, une colombe
Des soirs qui tombent, un regard bleu
Plus un sanglot, plus un violon
La vie et tout ce temps cassé
Que l' on appelle le passé

Plus l' avenir en dix leçons
De nos prophètes bénévoles
Plus une bombe sur une école
Et les oiseaux qui chantent après
L' avion ne l' a pas fait exprès

Plus les amis dans la maison
Moins ceux qui pour toujours s' en vont
Les enfants sont déjà devant
Ôté de nous, ôté de moi
Il ne nous reste pas beaucoup

Plus les combats, le cњur qui bat
Les défaites souvent secrètes
Et tous les doutes qu' on redoute
Mas quand on a perdu le nôtre
Il y a encore l' espoir des autres

Multiplié par les idées
Divisé par tous les mots d' ordre
Certains finissent par confondre
Certains ne peuvent pas répondre
Bouche sans cri au bout d' une corde

Et plus la pluie et le bon temps
Et l' herbe qui pousse entre-temps
Plus tous les désobéissants
Qui ne veulent plus se mettre en rang
Les enfants sont déjà devant

Moins ceux qui sont encore à naître
Plus l' inconnu dans la fenêtre
Et plus l' amour de quelques-uns
Et plus ou moins de quelques-unes
Je pose tout, je retiens une

Égale...
Égale un homme en équilibre
Sur trois vers
De Prévert
Mais ce sont des vers libres



L'étrangère

Il existe près des écluses un bas quartier de bohémiens,
Dont la belle jeunesse s'use à démêler le tien du mien
En bande on s'y rend en voiture,
ordinairement au mos d'août,
Ils disent la bonne aventure, pour des piments et du vin doux;
on passe la nuit claire à boire, on danse en frappant dans ses mains,
on n'a pas le temps de le croire, il fait grand jour et c'est demain.
On revient d'une seule traite, gais, sans un sou, vaguement gris,
Avec des fleurs plein les charrettes, son destin dans la paume écrit.
J'ai pris la main d'une éphémère, qui m'a suivi dans ma maison
Elle avait des yeux d'outremer, elle en montrait la déraison.
Elle avait la marche légère, et de longues jambes de faon,
J'aimais déjà les étrangères quand j'étais un petit enfant!
Celle-ci parla vite vite de l'odeur des magnolias,
Sa robe tomba tout de suite quand ma hâte la délia.
En ce temps là, j'étais crédule, un mot m'était promission,
Et je prenais les campanules pour des fleurs de la passion..
Quand c'est fini tout recommence, toute musique me séduit,
Et la plus banale romance m'est éternelle poésie..
Nous avons joué de notre âme, un long jour, une courte nuit,
Puis au matin: "bonsoir madame", l'amour s'achève avec la pluie.



La bicyclette = A bicyclette

Quand on partait de bon matin
Quand on partait sur les chemins
A bicyclette
Nous étions quelques bons copains
Y avait Fernand y avait Firmin
Y avait Francis et Sébastien
Et puis Paulette

On était tous amoureux d'elle
On se sentait pousser des ailes
A bicyclette
Sur les petits chemins de terre
On a souvent vécu l'enfer
Pour ne pas mettre pied à terre
Devant Paulette

Faut dire qu'elle y mettait du cœur
C'était la fille du facteur
A bicyclette
Et depuis qu'elle avait huit ans
Elle avait fait en le suivant
Tous les chemins environnants
A bicyclette

Quand on approchait la rivière
On déposait dans les fougères
Nos bicyclettes
Puis on se roulait dans les champs
Faisant naître un bouquet changeant
De sauterelles, de papillons
Et de rainettes

Quand le soleil à l'horizon
Profilait sur tous les buissons
Nos silhouettes
On revenait fourbus contents
Le cœur un peu vague pourtant
De n'être pas seul un instant
Avec Paulette

Prendre furtivement sa main
Oublier un peu les copains
La bicyclette
On se disait c'est pour demain
J'oserai, j'oserai demain
Quand on ira sur les chemins
A bicyclette



La butte rouge

Sur c'te butte là, y avait pas d'gigolette,
Pas de marlous, ni de beaux muscalins.
Ah, c'était loin du moulin d'la galette,
Et de Paname, qu'est le roi des pat'lins.

C'qu'elle en a bu, du beau sang, cette terre,
Sang d'ouvrier et sang de paysan,
Car les bandits, qui sont cause des guerres,
N'en meurent jamais, on n'tue qu'les innocents.

La Butte Rouge, c'est son nom , l'baptème s'fit un matin
Où tous ceux qui grimpèrent, roulèrent dans le ravin
Aujourd'hui y a des vignes, il y pousse du raisin
Qui boira d'ce vin là, boira l'sang des copains

Sur c'te butte là, on n'y f'sait pas la noce,
Comme à Montmartre, où l'champagne coule à flôts.
Mais les pauv' gars qu'avaient laissé des gosses,
I f'saient entendre de pénibles sanglots.

C'qu'elle en a bu, des larmes, cette terre,
Larmes d'ouvrier et larmes de paysan,
Car les bandits, qui sont cause des guerres,
Ne pleurent jamais, car ce sont des tyrans.

La Butte Rouge, c'est son nom , l'baptème s'fit un matin
Où tous ceux qui grimpèrent, roulèrent dans le ravin
Aujourd'hui y a des vignes, il y pousse du raisin
Qui boit de ce vin là, boira les larmes des copains

Sur c'te butte là, on y r'fait des vendanges,
On y entend des cris et des chansons.
Filles et gars, doucement, y échangent,
Des mots d'amour, qui donnent le frisson.

Peuvent-ils songer dans leurs folles étreintes,
Qu'à cet endroit où s'échangent leurs baisers,
J'ai entendu, la nuit, monter des plaintes,
Et j'y ai vu des gars au crâne brisé.

La Butte Rouge, c'est son nom , l'baptème s'fit un matin
Où tous ceux qui grimpèrent, roulèrent dans le ravin
Aujourd'hui y a des vignes, il y pousse du raisin
Mais moi j'y vois des croix, portant l'nom des copains.



La chanson de Bilbao

L'bal à Bill, à Bilbao, Bilbao, Bilbao.
C'était l'plus beau bal de tout le continent.
T'avais à gogo l'bruit et l'rêve,
L'bruit et l'rêve, l'bruit et l'rêve
Et tout c'que tout le monde offre à ses enfants
Quand on entrait dans cet établissement.
Je n'sais pas trop si c'genre de truc vous aurait plu.

On riait en buvant comme des perdus.
Sur l'parquet, l'herbe poussait dru.
Par le toit la lune verte passait
Et pis la musique, là, vraiment, on t'en donnait pour ton fric.
Joe, rejoue la musiqu'de c'temps-là.

Refrain:
Vieille lune de Bilbao, que l'amour était beau.
Vieille lune de Bilbao, fume ton cigare là-haut.
Vieille lune de Bilbao, jamais j'te ferai dégaut.
Vieille lune de Bilbao, tu laches pas les poteaux.
Je n'sais pas trop si c'genre de truc vous aurait plu,
Mais c'était l'plus chouette,
C'était l'plus chouette,
C'était l'plus chouette
Du monde entier.

Au bal d'Bill, à Bilbao, Bilbao, Bilbao,
Un beau jour fin mai en l'an mil neuf cent huit,
Quat'mecs s'amenèrent plein d'galette,
Plein d'galette, plein d'galette.
Raconter tout ce qu'ils ont fait, j'pourrais pas
Mais si vous étiez arrivés ce jour-là,
Je n'sais pas trop si c'genre de truc vous aurait plu.

On riait en buvant comme des perdus.
Sur l'parquet, l'herbe poussait dru.
Par le toit la lune verte passait
Les quat'gars d'Frisco
Tiraient des coups de browning
A qui mieux-mieux
Et par dessus la musique continuait.

Refrain

L'bal d'Bill, à Bilbao, Bilbao,
Aujourd'hui tout est repeint, tout est décent,
Plantes grasses et glaces ordinaires, ordinaires,
Comme dans tous les autres établissements
Mais si vous venez à passer ce jour-là,
Ça vous plaira peut-être bien, on ne sait pas.
Moi ça m'fait d'la peine. On peut plus rigoler.
Y a plus d'herbe sur le parquet.
La lune verte, elle a fait ses paquets
Et pis la musique, vraiment, on a honte pour son fric.
Joe, rejoue la musiqu'de c'temps-là.



La chanson des rues

Bien des gens s'arrêtent
Et la voix émue
Sans façon répètent
La chanson des rues

Dans la rue chaque soir
Un accordéon prélude
Dans la rue chaque soir
Au beau milieu du trottoir
Les passants s'arrêtent
Et reprennent en chœur
Le refrain que tout le monde sait par cœur

Bien des gens s'arrêtent
Et la voix émue
Sans façon répètent
La vieille chanson des rues

Modeste musique
Poésie d'un sou
Mais cet air mélancolique
Vous poursuit partout
On y parle de tristesse
De rêves et d'amours déçus
Et du regret que vous laisse
Les années qui ne sont plus

Bien des gens s'arrêtent
Et la voix émue
Sans façon répètent
La triste chanson des rues



La chansonnette

La, la, la, mine de rien
La voilà qui revient
La chansonnette
Elle avait disparu
Le pavé de ma rue
Etait tout bête
Les refrains de Paris
Avaient pris l'maquis
Les forains, l'orphéon
La chanson d'Macky
Mais on n'oublie jamais
Le flonflon qui vous met
Le cœur en fête
Quand le vieux musicien
Dans le quartier
Vient revoir les anciens
Faire son métier
Le public se souvient
D'la chansonnette
Tiens, tiens

Les titis, les marquis
C'est parti, mon kiki
La chansonnette
A Presley fait du tort
Car tous les transistors
Soudain s'arrêtent
Sous le ciel de Paris
Un accordéon
Joue la chanson d'Macky
Comme avant l'néon
Cueilli par un flonflon
Un têtard en blouson
D'un franc d'violette
Va fleurir sa Bardot
Car malgré son aigle
Au milieu du dos
Le cœur est bon
Et sous ses cheveux gris
La chansonnette
Sourit!

La, la, la, hauts les cœurs
Avec moi tous en chœur
La chansonnette
Et passons la monnaie
En garçon qui connait
La chansonnette
Il a fait sa moisson
De refrains d'Paris
Les forains, l'orphéon
La chanson d'Macky
Car on n'oublie jamais
Le flonflon qui vous met
Le cœur en fête
Il faut du temps, c'est vrai
Pour séparer
Le bon grain de l'ivraie
Pour comparer
Mais on trouve un beau jour
Sa chansonnette
D'amour!



La Marie-Vison

Elle a roulé sa bosse, elle a roulé carosse
Elle a plumé plus d'un pigeon
La Marie-Vison, du côté d'la Chappelle
C'est comm' ça qu'on l'appelle, même en été elle a sur l'dos
Son sacré manteau, il est bouffé aux mites
Et quand elle a la cuite, ell'n'peut pas s'empêcher
De raconter, que la vie était belle
Qu'elle portait des dentelles
Et tous les homm's, oui tous les homm's étaient fous d'elle
Elle a roulé sa bosse, elle a roulé carosse
Elle a plumé plus d'un pigeon la Marie-Vison

Mais un soir, un soir, ce fut plus fort qu'elle
La v'la qui s'est mise à pleurer
Et son secret, son secret trop lourd pour elle
Dans un bistrot me l'a confié.

Ell' n'a jamais cherché un p'tit cœur à aimer
Ell' n'a choisi que des ballots au cœur d'artichaut
A jouer d'la prunelle de Passy à Grenelle
On perd son temps et ses vingt ans
V'là qu'ils fich'nt le camp, pour ce sacré manteau
Qu'elle voulait sur son dos
Elle a foutu au clou ses rêv's de gosse et ce sacré manteau
Qu'elle a toujours sur l'dos, ça l'a mené
A la Chapelle dans mon quartier
Elle a roulé sa bosse, elle a roulé carosse
Elle a plumé plus d'un pigeon la Marie-Vison

Coda
La Marie-Vison, vous, les jouvencelles
Ne fait's pas comme elle, s'aimer d'amour
C'est ça qu'est bon, sacré nom de nom!



Le chat de la voisine

Le chat de la voisine
Qui mange la bonne cuisine
Et fait ses gros ronrons
Sur un bel édredon dondon
Le chat de la voisine
Qui s'met pleines les babines
De poulet, de fois gras
Et ne chasse pas les rats
Miaou, miaou
Qu'il est touchant le chant du chat
Ronron, ronron
Et vive le chat et vive le chat

Je ne dessin'rai pas l'homme et son agonie
L'enfant des premiers pas qui gèle dans son nid
Je ne parlerai pas du soldat qui a peur
D'échanger une jambe contre une croix d'honneur
Du vieillard rejeté aux poubelles de la faim
Je n'en parlerai pas, mieux vaut ce p'tit refrain

Le chat de la voisine
Qui mange la bonne cuisine
Et fait ses gros ronrons
Sur un bel édredon dondon
Le chat de la voisine
Qui s'met pleines les babines
De poulet, de fois gras
Et ne chasse pas les rats
Miaou, miaou
Qu'il est touchant le chant du chat
Ronron, ronron
Et vive le chat et vive le chat

Je n'serai pas l'empêcheur de déjeuner en rond
A louanger la sueur qui brûle sur les fronts
Je ne parlerai pas de l'ouvrier qui pleure
La perte de ses doigts morts aux champs du labeur
De la jeune fille fanée avant d'avoir aimé
Je n'en parlerai pas, il vaut mieux glorifier

Le chat de la voisine
Qui mange la bonne cuisine
Et fait ses gros ronrons
Sur un bel édredon dondon
Le chat de la voisine
Qui s'met pleines les babines
De poulet, de fois gras
Et ne chasse pas les rats
Miaou, miaou
Qu'il est touchant le chant du chat
Ronron, ronron
Et vive le chat et vive le chat...



Le doux caboulot

Le doux caboulot
Fleuri sous les branches
Est tous les dimanches
Plein de populo.

La servante est brune,
Que de gens heureux
Chacun sa chacune,
L'une et l'un font deux.

Amoureux épris du culte d'eux-mêmes.
Ah sûr que l'on s'aime,
Et que l'on est gris.

Ça durera bien le temps nécessaire
Pour que Jeanne et Pierre
Ne regrettent rien.



Le galérien

Je m'souviens, ma mèr' m'aimait
Et je suis aux galères,
Je m'souviens ma mèr' disait
Mais je n'ai pas cru ma mère
Ne traîn' pas dans les ruisseaux
T'bats pas comme un sauvage
T'amuses pas comm' les oiseaux
Ell' me disait d'être sage

J'ai pas tué, j'ai pas volé
J'voulais courir la chance
J'ai pas tué, j'ai pas volé
J'voulais qu'chaqu' jour soit dimanche
Je m'souviens ma mèr' pleurait
Dès qu'je passais la porte
Je m'souviens comme ell'pleurait
Ell' voulait pas que je sorte

Toujours, toujours ell' disait
T'en vas pas chez les filles
Fais donc pas toujours c'qui t'plait
Dans les prisons y a des grilles
J'ai pas tué, j'ai pas volé
Mais j'ai cru Madeleine
J'ai pas tué, j'ai pas volé
J'voulais pas lui fair'de peine

1ère version:

Un jour les soldats du roi
T'emmen'ront aux galères
Tu t'en iras trois par trois
Comme ils ont emmn'nés ton père
Tu auras la têt' rasée
On te mettra des chaînes
T'en auras les reins brisés
Et moi j'en mourrai de peine

J'ai pas tué, j'ai pas volé
Mais j'ai pas cru ma mère
Et je m'souviens qu'ell' m'aimait
Pendant qu'je rame aux galères.

2ème version:

Je m'souviens ma mèr' disait
Suis pas les bohémiennes
Je m'souviens comme ell' disait
On ramass' les gens qui traînent
Un jour les soldats du roi
T'emmen'ront aux galères
Tu t'en iras trois par trois
Comme ils ont emmn'nés ton père

Tu auras la têt' rasée
On te mettra des chaînes
T'en auras les reins brisés
Et moi j'en mourrai de peine
Toujours, toujours tu ram'ras
Quand tu s'ras aux galères
Toujours toujours tu ram'ras
Tu pens'ras p't'ètre à ta mère

J'ai pas tué, j'ai pas volé
Mais j'ai pas cru ma mère
Et je m'souviens qu'ell' m'aimait
Pendant qu'je rame aux galères.



Le jardin

Des milliers et de milliers d'années
Ne sauraient suffire
Pour dire
La petite seconde d'éternité
Où tu m'as embrassé
Où je t'ai embrassé
Un matin dans la lumière de l'hiver
Au parc Montsouris à Paris
A Paris
Sur la terre
La terre qui est un astre



Le jazz et la java

Quand le jazz est
Quand le jazz est là
La java s'en
La java s'en va
Il y a de l'orage dans l'air
Il y a de l'eau dans le gaz
Entre le jazz et la java

Chaque jour un peu plus
Y a le jazz qui s'installe
Alors la rage au cœur
La java fait la malle
Ses p'tit's fesses en bataille
Sous sa jupe fendue
Elle écrase sa Gauloise
Et s'en va dans la rue

Quand le jazz est
Quand le jazz est là
La java s'en
La java s'en va
Il y a de l'orage dans l'air
Il y a de l'eau dans le gaz
Entre le jazz et la java

Quand j'écoute béat
Un solo de batterie
V'là la java qui râle
Au nom de la patrie
Mais quand je crie bravo
A l'accordéoniste
C'est le jazz qui m'engueule
Me traitant de raciste

Quand le jazz est
Quand le jazz est là
La java s'en
La java s'en va
Il y a de l'orage dans l'air
Il y a de l'eau dans le gaz
Entre le jazz et la java

Pour moi jazz et java
C'est du pareil au même
J'me saoule à la Bastille
Et m'noircis à Harlem
Pour moi jazz et java
Dans le fond c'est tout comme
Le jazz dit " Go men "
La java dit " Go hommes "

Quand le jazz est
Quand le jazz est là
La java s'en
La java s'en va
Il y a de l'orage dans l'air
Il y a de l'eau dans le gaz
Entre le jazz et la java

Jazz et java copains
Ça doit pouvoir se faire
Pour qu'il en soit ainsi
Tiens, je partage en frère
Je donne au jazz mes pieds
Pour marquer son tempo
Et je donne à la java mes mains
Pour le bas de son dos
Et je donne à la java mes mains
Pour le bas de son dos



Le miroir brisé

Le petit homme qui chantait sans cesse
le petit homme qui dansait dans ma tête
le petit homme de la jeunesse
a cassé son lacet de soulier
et toutes les baraques de la fête
tout d'un coup se sont écroulées
et dans le silence de cette fête
dans le désert de cette fête
j'ai entendu ta voix heureuse
ta voix déchirée et fragile
enfantine et désolée
venant de loin et qui m'appelait
et j'ai mis ma main sur mon cœur
où remuaient ensanglantés
les sept éclats de glace de ton rire étoilé



Le roi Renaud (Complainte du ..)

Le roi Renaud de guerre vint
tenant ses tripes dans ses mains.
Sa mère était sur le créneau
qui vit venir son fils Renaud.

- Renaud, Renaud, réjouis-toi!
Ta femme est accouché d'un roi!
- Ni de ma femme ni de mon fils
je ne saurais me réjouir.

Allez ma mère, partez devant,
faites-moi faire un beau lit blanc.
Guère de temps n'y resterai:
à la minuit trépasserai.

Mais faites-le moi faire ici-bas
que l'accouchée n'lentende pas.
Et quand ce vint sur la minuit,
le roi Renaud rendit l'esprit..

Il ne fut pas le matin jour
que les valets pleuraient tous.
Il ne fut temps de déjeuner
que les servantes ont pleuré.

- Mais dites-moi, mère, m'amie,
que pleurent nos valets ici?
- Ma fille, en baignant nos chevaux
ont laissé noyer le plus beau.

- Mais pourquoi, mère m'amie,
pour un cheval pleurer ainsi?
Quand Renaud reviendra,
plus beau cheval ramènera.

Et dites-moi, mère m'amie,
que pleurent nos servantes ici?
- Ma fille , en lavant nos linceuls
ont laissé aller le plus neuf.

Mais pourquoi, mère m'amie,
pour un linceul pleurer ainsi?
Quand Renaud reviendra,
plus beau linceul on brodera.

Mais, dites-moi, mère m'amie,
que chantent les prêtres ici?
- Ma fille c'est la procession
qui fait le tour de la maison.

Or, quand ce fut pour relever,
à la messe elle voulut aller,
et quand arriva le midi,
elle voulut mettre ses habits.

- Mais dites-moi, mère m'amie,
quel habit prendrai-je aujourd'hui?
- Prenez le vert, prenez le gris,
prenez le noir pour mieux choisir.

- Mais dites-moi, mère m'amie,
qu'est-ce que ce noir-là signifie
- Femme qui relève d'enfant,
le noir lui est bien plus séant.

Quand elle fut dans l'église entrée,
un cierge on lui a présenté.
Aperçut en s'agenouillant
la terre fraîche sous son banc.

- Mais dites-moi, mère m'amie,
pourquoi la terre est rafraîchie?
- Ma fille, ne puis plus vous le cacher,
Renaud est mort et enterré.

- Renaud, Renaud, mon réconfort,
te voilà donc au rang des morts!
Divin Renaud , mon réconfort,
te voilà donc au rang des morts!

Puisque le roi Renaud est mort,
voici les clefs de mon trésor.
Prenez mes bagues et mes joyaux,
prenez bien soin du fils Renaud.

Terre, ouvre-toi, terre fends-toi,
que j'aille avec Renaud, mon roi!
Terre s'ouvrit, terre fendit,
et ci fut la belle englouti.


notes: Ceci n'est qu'une des très nombreuses versions (environ 60) de cette chanson.
Son origine est assez complexe. Elle est issue de la greffe d'une
chanson du XIII ème siècle qui raconte le retour du comte Renaud sur une
chanson du XVIème (le comte Redor) issue d'une légende scandinave qui a
fait fureur en Europe et engendré de nombreux textes dans divers pays.
L'un de ces textes est "le Comte Redor" en Bretagne qui est sans
doute à l'origine de la fusion (car il y a peut être des versions dérivées).



Le simple jardinier

Je suis un simple jardinier
Qui n'a rien à vous raconter
De bien malin

Je ne suis pas un beau parleur
On ne fait pas la cour aux fleurs
Mais le jardin

On n'a pas besoin d'être beau
On n'a même pas besoin de mots
Mais de pensées

Pour cueillir quand elles sont écloses
Les marguerites et les roses
Au cœur grisé

Je suis un simple jardinier
Et de plus modeste métier
Je n'en connais point

De plus joli je n'en connais guère
Pourtant il y a une pierre
Dans mon jardin

Ma femme a un cœur d'artichaut
J'ai des marmots plus qu'il n'en faut
Pour être heureux

Aussi dans mes fleurs, dans mes roses
Si vous y trouvez quelque chose
Gardez-le



Le télégramme (Duo avec Simone Signoret)

Montand:
Quand on est amoureux, mais vraiment amoureux... eh bien! Il y a des moments où c'est tout de suite... qu'on a envie de lui faire savoir combien on l'aime et combien elle vous manque, surtout si c'est le début d'une vraie histoire d'amour et qu'elle n'ha
bite pas la même ville que vous.
Alors il y a deux solutions. Le téléphone ou le télégramme.
Le téléphone bien sûr, mais quoi de plus simple qu'un télégramme qu'elle pourra lire, garder, relire, apprendre par cœur, porter sur elle... enfin...
{sonnerie}
La téléphoniste:
Télégramme téléphoné 351, j'écoute...
Montand:
Mademoiselle, je voudrais passer un télégramme s'il vous plaît...
La téléphoniste:
Pour la France?
Montand:
Oui, pour la France
La téléphoniste:
Quel numéro êtes-vous
Montand:
Odéon 27 45
La téléphoniste:
Adressé à...
Montand: {amoureusement}
Mademoiselle Colette Mercier
La téléphoniste: {sèchement}
Colette Mercier... Marcel... Eugène... Raoul... Célestin... Irma... Raoul...
Montand:
Oui...
La téléphoniste:
L'adresse?
Montand:
23, square Lamartine... Besançon
La téléphoniste:
Département?
Montand:
Le Doubs... Je crois...
La téléphoniste:
...Besançon... Doubs ...! Le texte...
Montand:
Mon chéri...
La téléphoniste:
Comment?
Montand:
Mon chéri...
La téléphoniste:
MON chéri ou Ma chérie? ...
Montand:
Non. Mon chéri...
La téléphoniste:
Bon! Mon chéri... Comme une en-tête de lettre?
Montand:
Oui, si vous voulez... Mon chéri...
La téléphoniste:
Mon chéri, deux fois?
Montand:
Non! Une fois, mademoiselle...
La téléphoniste:
Ensuite...
Montand:
J'entends le vent... Je t'aime
La téléphoniste:
J'en-tends-le-vent-jeu-t'ai-meu... Ensuite?
Montand:
La ville est morte depuis que tu es partie, mais la statue est toujours à la même place...
La téléphoniste:
... Oh... Attendez... Attendez... depuis que tu es partie... heu... la.. la quoi?
Montand:
La statue...
La téléphoniste:
Comme une statue?
Montand:
Oui, comme une statue
La téléphoniste:
... la statue est toujours à la même place... C'est ça?
Montand:
Oui, c'est ça mademoiselle... Eugène Sue me regarde... Je t'aime
La téléphoniste:
Eugène? Comme le prénom?
Montand:
Oui...
La téléphoniste:
Ensuite?
Montand:
Sue... Eugène Sue:
La téléphoniste
Epelez...
Montand
S comme Suzanne, U comme...
La téléphoniste:
Ursule!
Montand:
Oui et E comme Eugène...
La téléphoniste:
Sue!
Montand:
Oui, mademoiselle...
La téléphoniste:
Ensuite?
Montand:
Me regarde... Je t'aime
La téléphoniste:
Je t'aime
Montand:
Je pense à toi
La téléphoniste:
Je pense à toi
Montand:
Je t'aime... Je t'aime... Je t'aime...
La téléphoniste:
Je t'aime, je t'aime... Alors? trois fois je t'aime?
Montand:
Oui, mademoiselle... Paul!
La téléphoniste:
C'est la signature?
Montand:
Oui
La téléphoniste: (sur un ton monocorde)
Je vous relis. Vous êtes Odéon 27 45, adressé à mademoiselle Colette Mercier, Marcel Eugène Raoul Célestin Irma Raoul, 23, square Lamartine, Besançon, Doubs.
Mon chéri je t'aime la ville est morte depuis que tu es partie mais la statue est toujours à la même place Eugène sue me regarde je t'aime je pense à toi je t'aime je t'aime je t'aime signé Paul!



Le temps des cerises

Quand nous en serons au temps des cerises
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur

Mais il est bien court le temps des cerises
Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d'oreilles
Cerises d'amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang
Mais il est bien court le temps des cerises
Pendants de corail qu'on cueille en rêvant

Quand vous en serez au temps des cerises
Si vous avez peur des chagrins d'amour
Evitez les belles
Moi qui ne crains pas les peines cruelles
Je ne vivrai pas sans souffrir un jour
Quand vous en serez au temps des cerises
Vous aurez aussi des chagrins d'amour

J'aimerai toujours le temps des cerises
C'est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte
Et Dame Fortune, en m'étant offerte
Ne saura jamais calmer ma douleur
J'aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur



Les Canuts

Pour chanter Veni Creator
Il faut une chasuble d'or
Pour chanter Veni Creator
Il faut une chasuble d'or
Nous en tissons pour vous, grands de l'église
Et nous pauvres canuts, n'avons pas de chemise
C'est nous les canuts
Nous sommes tout nus!
Pour gouverner, il faut avoir
Manteaux ou rubans en sautoir.
Pour gouverner, il faut avoir
Manteaux ou rubans en sautoir.
Nous en tissons pour vous grands de la terre
Et nous, pauvres canuts, sans drap on nous enterre
C'est nous les canuts
Nous sommes tout nus!

Mais notre règne arrivera
Quand votre règne finira :
Mais notre règne arrivera
Quand votre règne finira :
Nous tisserons le linceul du vieux monde,
Car on entend déjà la révolte qui gronde
C'est nous les canuts
Nous n'irons plus nus!
C'est nous les canuts
Nous n'irons plus nus!



Les enfants qui s'aiment

Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout contre les portes de la nuit
Et les passants qui passent les désignent du doigt
Mais les enfant qui s'aiment ne sont là pour personne
Et c'est seulement leur ombre qui tremble dans la nuit,
Excitant la rage des passants
Leur rage, leur mépris, leur rire et leur envie
Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour.
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour.



Les feuilles mortes

Oh! je voudrais tant que tu te souviennes
Des jours heureux où nous étions amis.
En ce temps-là la vie était plus belle,
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle.
Tu vois, je n'ai pas oublié...
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Et le vent du nord les emporte
Dans la nuit froide de l'oubli.
Tu vois, je n'ai pas oublié
La chanson que tu me chantais.

Refrain:
C'est une chanson qui nous ressemble.
Toi, tu m'aimais et je t'aimais
Et nous vivions tous deux ensemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis.

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Mais mon amour silencieux et fidèle
Sourit toujours et remercie la vie.
Je t'aimais tant, tu étais si jolie.
Comment veux-tu que je t'oublie?
En ce temps-là, la vie était plus belle
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Tu étais ma plus douce amie
Mais je n'ai que faire des regrets
Et la chanson que tu chantais,
Toujours, toujours je l'entendrai!

Refrain


Nota:
Dans la version par Mouloudji, la 2ème strophe du refrain est :
"Moi, je t'aimais, toi tu m'aimais"



Les grands boulevards

J'aime flâner sur les grands boulevards
Y a tant de choses, tant de choses
Tant de choses à voir
On n'a qu'à choisir au hasard
On s'fait des ampoules
A zigzaguer parmi la foule
J'aime les baraques et les bazars
Les étalages, les loteries
Et les camelots bavards
Qui vous débitent leurs bobards
Ça fait passer l'temps
Et l'on oublie son cafard

Je ne suis pas riche à million
Je suis tourneur chez Citroën
J'peux pas me payer des distractions
Tous les jours de la semaine
Aussi moi, j'ai mes petites manies
Qui me font plaisir et ne coûtent rien
Ainsi, dès le travail fini
Je file entre la porte Saint-Denis
Et le boulevard des Italiens

J'aime flâner sur les grands boulevards
Y a tant de choses, tant de choses
Tant de choses à voir
On y voit des grands jours d'espoir
Des jours de colère
Qui font sortir le populaire
Là vibre le cœur de Paris
Toujours ardent, parfois frondeur
Avec ses chants, ses cris
Et de jolis moments d'histoire
Sont écrits partout le long
De nos grands boulevards

J'aime flâner sur les grands boulevards
Les soirs d'été quand tout le monde
Aime bien se coucher tard
On a des chances d'apercevoir
Deux yeux angéliques
Que l'ont suit jusqu'à République
Puis je retrouve mon petit hôtel
Ma chambre où la fenêtre donne
Sur un coin de ciel
D'où me parviennent comme un appel
Toutes les rumeurs, toutes les lueurs
Du monde enchanteur
Des grands boulevards



Les routiers

La route est un long ruban
Qui défile qui défile
Et se perd à l'infini
Loin des villes, loin des villes
Le routier à son volant
Qui trépide qui trépide
N'a jamais jamais le temps
De regarder l'firmament
Le jour se lève et décline
Sur la route qui chemine
Il doit pousser sa machine
Car c'est là qu'est son usine
Ignorant les autres routes
Qui s'en vont en musardant
Le routier n'a jamais l'temps
De se perdre dans les champs

Si tu veux vivre longtemps
Attention à ton volant
Car la route se défend
Si tu rêves un seul instant
Sous l'herbe tendre du printemps
Le talus est engageant
Mais c'est l'fossé qui t'attend
Si tu t'endors au volant

Si tu vois à l'horizon
Des mirages, des mirages
C'est l'moment d'faire attention
Car il y a d'sacrés virages
De temps en temps y a des villes
On y dort tout est tranquille
Tu les réveilles en passant
Dans ton gros camion hurlant
Le copain dans sa couchette
Rêve au-dessus de ta tête
Si le temps te paraît long
Allume une cigarette
Tous les jours de la semaine
Et par n'importe quel temps
Ta route est toujours la même
Pour livrer ton chargement

Si tu veux vivre longtemps
Attention à ton volant
Car la route se défend
Si tu rêves un seul instant
Sous l'herbe tendre du printemps
Le talus est engageant
Mais c'est l'fossé qui t'attend
Si tu t'endors au volant

La route est un long ruban
Qui défile qui défile
Et se perd à l'infini
Loin des villes, loin des villes
Le routier à son volant
Qui trépide qui trépide
N'a jamais jamais le temps
De se perdre dans les champs.



Les Tuileries

Nous sommes deux drôles
Aux larges épaules
De joyeux bandits
Sachant rire et battre
Mangeant comme quatre
Buvant comme dix
Quand vidant des litres
Nous cognons aux vitres
De l'estaminet
Le bourgeois difforme
Tremble en uniforme
Sous son gros bonnet
Nous vivons en somme
On est honnête homme
On n'est pas mouchard
On va le dimanche
Avec Lise ou Blanche
Dîner chez Richard
Nous vivons sans gîte
Goulûment et vite
Comme le moineau
Haussant nos caprices
Jusqu'aux cantatrices
De chez Bobino
La vie est diverse
Nous bravons l'averse
Qui mouille nos peaux
Toujours en ribote
Ayant peu de potes
Et point de chapeau
Nous avons l'ivresse
L'amour, la jeunesse
L'éclair dans les yeux
Des poings effroyables
Nous sommes des diables
Nous sommes des dieux.



Luna park

Dans mon usine de Puteaux
On peut dire qu' j' ai le fin boulot
Ça f' sait bien trois cent soixante cinq jours de long
Que j' vissais toujours le même sacré petIt boulon
Mais celà ne m' empêche pas de chanter
Hidlele hidlele hideledele
Dès que j' ai ma petite heure de liberté
Hidlele hidlele hideledele
Je vais tout droit à Luna Park
Dans le jour cru des lampes à arcs
Sur la chenille
Je vois des filles
Je vois les filles et leurs dessous
En soie en fil ou en pilou
Et le pick-up chante comme moi
HidIele hidlele hideledele hey!
Hidlele hidlele hideledele
Le travail c' est ahurissant
Pour le corps c' est bien salissant
Quand je touche ma paye vers la fin du mois
Je sais qu' à Puteaux y' a des gars plus riches que moi
Mais celà ne m' empêche pas de chanter
Hidlele hidlele hideledele
Luna-Park est ma réserve de gaité
Hidlete hidlele hideledele
A tous les stands je suis salué
Des patrons et des habitués
Garçons et filles
C' est ma famille
Partout ailleurs je n' suis rien
A Luna Park je suis quelqu' un
Vive Luna Park et vive la joie
Feledlele delele fleptogo



Ma môme, ma p'tite gosse

Ma môme, ma p'tite gosse
On va fair ' la noce,
J' t'emmèn ' en carrosse
Jusqu'à Robinson,
Vas-y, fais-toi belle,
Sors tes ribambelles,
De blanches dentelles,
En point d'Alençon

Refrain:
Le soleil se bag'naude,
Y a des valses qui rôdent
Sur des airs d'amoureux,
Y a ton cœur qui bavarde,
J ' lui paierai un' cocarde
En passant par Neu-Neu

Ma gosse, ma p'tite môme
Y a des prés qui chôment,
Des lits qui embaument
Pour y faire l'amour.
T'as la peau si douce
Qu'un' fois sur la mousse
T'as l'air d'être en douce
Cousue dans du v'lours

Refrain

Ma gosse, ma p'tite reine
Le printemps s'amène,
Prends-en pour la s'maine
A t'en faire rêver.
Me v'là comm' verlaine
J'ai l'cœur plein d' poèmes
Et tell'ment que je t'aime
j'ai envie de pleurer

Refrain

Le soleil se bag'naude,
Y a des valses qui rôdent
Sur des airs d'amoureux,
J'en ai le cœur qui chavire
On n'a plus rien à s' dire
Viens, on va être heureux...



Mais si je n'ai rien

J'aurai du soleil au long des années
J'aurai la clarté de tes yeux ouverts
L'amour fleurissant au long des allées
Nous nous en irons sous les arbres verts
Au long des chemins de notre aventure
Et dans nos jardins tous peuplés d'oiseaux
Là nous irons boire à des sources pures
Qui réfléchiront ton regard dans l'eau

Refrain:
Mais , si je n'ai rien
Aime-moi quand même
Aimons-nous quand même
Et tout sera bien

Nous aurons la vie pour nous toute entière
Et j'aurai le temps d'apprendre à t'aimer
Et le temps d'attendre tout ce que j'espère
Pour voir si l'amour tient ce qu'il promet
J'aurai des châteaux au fond des provinces
Qui domineront du haut de leurs tours
Ceux de tous les rois, ceux de tous les princes
Et nous vivrons là jusqu'au dernier jour

Refrain

J'aurai des bateaux sur la mer de chine
Chargés de parfums, de soies, de bijoux
Et de diamants bleus et de perles fines
Oui, j'aurai pour toi tout l'or du Pérou
Les jours passeront si tu le désires
Sans que le soleil se couche jamais
Et j'aurai l'éclat de ton beau sourire
Et le bonheur fou de pouvoir t'aimer.

Refrain



Maître Pierre

Il fait bon dans votre moulin
Le froment vol' dans la lumière
Et partout ça sent bon le grain
J'avais douze ans et j'étais haut comme trois pommes
Qu'en me voyant vous me disiez d'un ton bonhomme
Voyez-moi ce sacré p'tit drôle
Le métier lui semble à son goût
Prends ce sac, mets-le sur l'épaule
Maître Pierre, il fait bon chez vous
Hardi! Hardi petit gars
Bonnet sur l'œil, sourire aux lèvres
Hardi! tant qu'il a deux bras
Un bon meunier ne s'arrête pas.

Il fait bon chez vous maître Pierre
Je m'souviens de mes dix-huit ans
Votre fille était écolière
Que déjà, moi je l'aimais tant
Et quand plus tard je l'épousai devenue grande
Tout le village est venu danser dans la grange
Et toujours de ses grandes ailes
Le moulin continue tout doux
Le tic-tac de son cœur fidèle
Maître Pierre, il fait bon chez vous
Hardi! Hardi petit gars
Bonnet sur l'œil, sourire aux lèvres
Hardi! tant qu'il a deux bras
Un bon meunier ne s'arrête pas.

Il fait bon chez vous maître Pierre
A trente ans j'aimais mon métier
J'adorais ma jolie meunière
C'est alors que vous nous quittiez
Mais quand du ciel vous regardez par la campagne
Tous ce moulins tournant du Nord à la Bretagne
Vous pensez avec un sourire
Qu'on est là pour en mettre un coup
Et qu'on a bien raison de dire
Maître Pierre il fait bon chez vous
Hardi! Hardi petit gars
Bonnet sur l'œil, sourire aux lèvres
Hardi! tant qu'il a deux bras
Un bon meunier ne s'arrête pas.



Mathilda

Le vent du passé me murmure un conte effacé
Eveillant mes amours fanées.
Valse du souvenir, mélodie des désirs oubliés,
Quand vous dansiez Mathilda, pour moi.
Valsez Mathilda,
Valsez Mathilda,
Charmant fantôme de mes jours fleuris
Tourbillon parfumé
En valsant vous étiez si jolie,
Quand vous dansiez Mathilda, pour moi.

Comme un vent léger qui passe et ne revient jamais
En souriant m'avez quitté
J'ai retrouvé ce soir le chemin des Espoirs envolés
Quand vous dansiez Mathilda, pour moi.
Où êtes-vous Mathilda?
Où êtes-vous Mathilda?
Où dansez-vous Mathilda, sans moi?
Si jolie vous étiez
Hélas! Jamais plus ne me reviendrez
Quand vous dansiez Mathilda, pour moi

Si jolie vous étiez
Hélas! Jamais plus ne me reviendrez
Quand vous dansiez Mathilda, pour moi



Métro

On a chanté la Tour Eiffel
Montmartre et puis l'quartier Javel
Paris, c'est grand, c'est beau c'est fou
Mais c'est parce qu'il y a dessous
Un brave homme d'employé
Qui l'matin sur le quai
Fait des "huit" compliqués
MÉTRO!
C'est l'journal à huit francs
Qu'on lit d'bout en roulant
Gêné par un chapeau
MÉTRO!
C'est la dame qui s'déplace
Pour se voir dans la glace
D'un air indifférent
MÉTRO!
L'chef de train qui s'embête
Et joue sur sa trompette
Un p'tit air rigolo
C'est l'MÉTRO!
Le visage de la Capitale
N'est pas celui d'la rue Pigalle
Ça c'est l'argent, le jeu, l'amour
Mais la vie de tous les jours :

C'est l'monsieur étourdi
Qui s'lève et puis qui crie :
"Bon sang, j'descend ici
Mais attendez, mais attendez! "
C'est à six heures du soir
A la gare Saint-Lazare
La sortie des bureaux
MÉTRO!
Les trottins qui papotent
Les amants qui s'bécotent
La dame et son tricot
MÉTRO!
La fille aux yeux si doux
Qu'on suivrait n'importe où
Mais qui descend trop tôt
C'est l'MÉTRO!
Roule, roule toujours
Tes chagrins, tes amours
Tes joies de tous les jours
MÉTRO!
Emmène au rendez-vous
Les heureux, les jaloux
D'un bout à l'autre bout
MÉTRO!
Qui s'en va, qui revient
C'est le sang parisien
Toujours vif et nouveau
MÉTRO!
Ce qui fait que Paris
Hier comme aujourd'hui
Est toujours aussi beau
C'est l'MÉTRO!
Ce qui fait que Paris
Hier comme aujourd'hui
Est toujours aussi beau
C'est l'MÉTRO!

Les stations, couleurs vives :
Les biscuits, la lessive
Les petits, les grands panneaux
MÉTRO!
Rendez-vous à "Glacière"
Juste en face des premières
A demain mon coco
N'oublie pas!
Tous les yeux du wagon
Fixés sur un g'nou rond
Qui s'découvre un peu trop
MÉTRO!
L'apprenti du plombier
Qui nous pose sur le pied
Son sac de trente kilos
C'est l'MÉTRO!



Moi j'm'en fous

Moi j'm'en fous je m'en contre-fous
Avec mon destin je vais bras-d'ssus bras-d'ssous
Je sais bien qu'j'n'ai pas un radis
Mais ça m'est égal l'bonheur me fait crédit
Aussitôt qu'un' chos' m'embarrasse
J'esquisse un sourire je salue et je passe
J'n'envie pas ceux qui ont des sous
Je n'suis pas jaloux moi je m'en fous

Entendez-vous ce va-et-vient ici bas
La vie c'est un' foire où chacun se débat
Où tous les gens courent sans trêve
A la recherch' d'un peu d'rêve
Pour oublier d'où l'on vient et où l'on va
Et pour ne pas trébucher à chaque pas
Il faut se dire que la vie oui
Ce n'est qu'une plaisanterie

Moi j'men fous je m'en contre-fous
Et beul bê.tididi dididi dididi dii
Les étoiles me font les yeux doux
Car le ciel là haut c'est à moi comme à vous
Je n'vais pas où tout l'monde se rue
Mais j'aime les chansons qu'on chante au coin d'ma rue
Je n'ai rien et pourtant j'ai tout
Je suis mon chemin et je m'en fous



Mon pot' le gitan

Mon pot' le gitan c'est un gars curieux
Une gueule toute noir, des carreaux tout bleus
Y reste des heures sans dire un seul mot
Assis près du poêle au fond du bistrot
C'gars-là une roulotte s'promène dans sa tête
Et quand elle voyage jamais ne s'arrête
Des tas d'paysages sortent de ses yeux
Mon pot' le gitan c'est un gars curieux
Mon pot' le gitan, c'est pas un marrant
Et dans notre bistrot personne le comprend
Comme tous ces gars-là il a sa guitare
Une guitare crasseuse qui vous colle le noir
Quand y s'met à jouer la vieille roulotte
Galope dans sa tête, les joueurs de belote
S'arrêtent et plus rien... on a mal en dedans
Mon pot' le gitan c'est pas un marrant

Mon pot' le gitan un jour est parti
Et Dieu seul sait où il ballade sa vie
Ce type là était un grand musicien
Ça j'en étais sûr, moi je l'sentais bien
Le tôlier m'a dit qu'on est venu l'chercher
Un grand music-hall voulait l'acheter
Mon pot' le gitan il a refusé
Un haussement d'épaules et il s'est taillé?

J'ai eu l'impression de perdre un ami
Et pourtant c'gars-là ne m'a jamais rien dit
Mais il m'a laissé un coin de sa roulotte
Et dans ma petite tête j'ai du rêve qui trotte
Sa drôle de musique en moi est restée
Quand je pense à lui, m'arrive de chanter
Toi sacré gitan qui sentait l'cafard
Au fond ta musique était pleine d'espoir.



On frappe

Qui est là
Personne
C'est simplement mon cœur qui bat
Qui bat très fort
A cause de toi
Mais dehors
La petite main de bronze sur la porte de bois
Ne bouge pas
Ne remue pas
Ne remue pas seulement le petit bout du doigt



Page d'écriture

Deux et deux quatre
quatre et quatre huit
huit et huit font seize...
Répétez! dit le maître
Deux et deux quatre
quatre et quatre huit
huit et huit font seize.
Mais voilà l'oiseau-lyre
qui passe dans le ciel
l'enfant le voit
l'enfant l'entend
l'enfant l'appelle:
Sauve-moi
Joue avec moi
oiseau!
Alors l'oiseau descend
et joue avec l'enfant
Deux et deux quatre...
Répétez! dit le maître
et l'enfant joue
l'oiseau joue avec lui...
Quatre et quatre huit
huit et huit font seize
et seize et seize qu'est-ce qu'ils font?
Ils ne font rien seize et seize
et surtout pas trente deux
de toute façon
et ils s'en vont.
Et l'enfant a caché l'oiseau
dans son pupitre
et tous les enfants
entendent sa chanson
et tous les enfants
entendent la musique
et huit et huit à leur tour s'en vont
et quatre et quatre et deux et deux
à leur tour fiche le camp
et un et un ne font ni une ni deux
un à un s'en vont également.
Et l'oiseau-lyre joue
et l'enfant chante
et le professeur crie:
Quand vous aurez fini de faire le pitre!

Mais tous les autres enfants
ecoutent la musique
et les murs de la classe
s'écoulent tranquillement.
Et les vitres redeviennent sable
L'encre redevient eau
Les pupitres redeviennent arbres
La craie redevient falaise
Le porte-plume redevient oiseau



Paris at night

Trois allumettes une à une allumées dans la nuit
La première pour voir ton visage tout entier
La seconde pour voir tes yeux
La dernière pour voir ta bouche
Et l'obscurité tout entière pour me rappeler tout cela
En te serrant dans mes bras.



La petite Suzon

1. Depuis huit jours sous vos fenêtres
J'appelle en vain et je vous guette
Pourquoi ne vous montrez-vous pas
Moi qui voudrais tant vous connaître
Je suis planté et c'est trop bête
D'attendre le cњur en émoi

Refrain:
Je vous apprendrai ma chanson
Petite Suzon
Venez sans façon
Sur le frais gazon
N'ayez pas peur allons sortez de votre maison
Et confiez-moi donc
Votre bras mignon
N'écoutez pas tout ce que les gens vous disent
Voyez le ciel nous crie la vie est exquise
Je ne suis pas méchant dans l'fond
Ni mauvais garçon
Allons venez donc
Petite Suzon

2. Pourquoi tourner ainsi la tête
Le printemps vous fait la risette
Et vous ne lui répondez pas
J'aurai voulu jolie fillette
Vous conter gentiment fleurette
Et vous ne me regardez pas

Refrain:
Mais pourquoi n'acceptez-vous pas
Petite Suzon
Cette invitation
Répondez-moi donc
Auriez-vous peur du méchant loup
Petite Suzon
Mais le loup Suzon
A toujours raison
Autour de nous tous les oiseaux sont en fête
Allons venez ne faites plus la coquette
Si vous restez comme un glaçon
Dans votre prison
Vers d'autre horizon
Je m'en vais Suzon

3. Mais la nature souvent l'emporte
Et vous avez franchi la porte
La porte qui nous séparait
Notre passion est la plus forte
Et nous nous passerons d'escorte
Pour découvrir un coin discret

Refrain:
Alors fini l'hésitation
Petite Suzon
Ensemble rions
De vos émotions
Allons donnez-moi votre main
Petite Suzon
Et tous deux filons
Vers d'épais buissons
Permettez-moi d'embrasser votre frimousse
Fermez les yeux vous verrez la vie est douce
Seule avec moi je vous apprendrai
Sans restriction
Ma belle chanson
Petite Suzon



Quand tu dors près de moi

Quand tu dors près de moi
Tu murmures parfois
Le nom mal oublié
De cet homme que tu aimais

Et tout seul près de toi
Je me souviens tout bas
Toutes ces choses que je crois
Mais que toi, ma chérie, tu ne crois pas

Les gestes étourdissants
Etourdis de la nuit
Les mots émerveillés
Merveilleux de notre amour

Si cet air te rejoint
Si tu l'entends soudain
Je t'en pris, comme moi
Ne dis rien, mais rappelle-toi, chérie



Quand un soldat

Fleur au fusil tambour battant il va
Il a vingt ans un cœur d'amant qui bat
Un adjudant pour surveiller ses pas
Et son barda contre ses flancs qui bat
Quand un soldat s'en va-t-en guerre il a
Dans sa musette son bâton d'maréchal
Quand un soldat revient de guerre il a
Dans sa musette un peu de linge sale

Partir pour mourir un peu
A la guerre à la guerre
C'est un drôle de petit jeu
Qui n'va guère aux amoureux
Pourtant c'est presque toujours
Quand revient l'été
Qu'il faut s'en aller
Le ciel regarde partir
Ceux qui vont mourir
Au pas cadencé
Des hommes il en faut toujours
Car la guerre car la guerre
Se fout des serments d'amour
Elle n'aime que l'son du tambour

Quand un soldat s'en va-t-en guerre il a
Des tas de chansons et des fleurs sous ses pas
Quand un soldat revient de guerre il a
Simplement eu d'la veine et puis voilà...



Quelqu'un

Un homme sort de chez lui
C'est très tôt le matin
C'est un homme qui est triste
Cela se voit à sa figure
Soudain dans une boîte à ordures
Il voit un vieux Bottin Mondain
Quand on est triste on passe le temps
Et l'homme prend le Bottin
Le secoue un peu et le feuillette machinalement
Les choses sont comme elles sont
Cet homme si triste est triste parce qu'il s'appelle Ducon
Et il feuillette
Et continue à feuilleter
Et il s'arrête
A la page des D
Et il regarde à la colonne des D-U du...
Et son regard d'homme triste devient plus gai plus clair
Personne
Vraiment personne ne porte le même nom
Je suis le seul Ducon
Dit-il entre ses dents
Et il jette le livre s'époussette les mains
Et poursuit fièrement son petit bonhomme de chemin.



Rue Lepic

Rue Lepic
Dans l'marché qui s'éveill'
Dès le premier soleil,
Sur les fruits et les fleurs
Vienn'nt danser les couleurs
Rue Lepic
Voitur's de quatr' saisons
Offrent tout à foison
Tomat's roug's, raisins verts,
Melons d'or z'et prim'vèr's
Au public,
Et les cris des marchands
S'entremêl'nt en un chant
Et le murmur' des commer's
Fait comme le bruit d'la mer
Rue Lepic,
Et ça grouille et ça vit
Dans cett' vieill' rue d'Paris

Rue Lepic,
Il y a des cabots
Et des goss's à Poulbot,
Aux frimousses vermeil's
Qui s'prélassent au soleil
Mais surtout,
Il y a un' bell' fill'
Aussi bell' que l'été
Ell' marche en espadrill's,
Et rit en liberté
Rue Lepic,
Et la rue est tout' fièr'
De son beau regard clair
Et de sa bell' santé,
Et qui l'a enfantée
Et toujours
La fill' avec amour
À sa rue dit bonjour
Et la rue extasiée
La regarde passer
Et la rue
Monte, monte toujours
Vers Montmarter, là-haut,
Vers ses moulins si beaux
Ses moulins tout là-haut
Rue Lepic.



Sanguine (joli fruit)

La fermeture éclair
A glissé sur tes reins
Et tout l'orage heureux
De ton corps amoureux
Au beau milieu de l'ombre
A éclaté soudain

Et ta robe en tombant
Sur le parquet ciré
N'a pas fait plus de bruit
Qu'une écorce d'orange
Tombant sur un tapis

Mais sous nos pieds
Ces petits boutons de nacre
Craquaient comme des pépins
Ô Sanguine joli fruit!

La pointe de ton sein
A tracé tendrement
La ligne de ma chance
Dans le creux de ma main.
Sanguine, joli fruit
Soleil de nuit.



Sir Godfrey

Sir Godfrey est l'homme de Londres
C'est l'intime des gens du monde
Son parfait humour fait les beaux jours
De l'empire britannique
Il est snob à plus d'un titre
A son ch'val il donne des huîtres
Et fuit avec horreur toutes les jeunes filles en fleur

Cet homme un peu à part
Passe des heures au billard
Sans le moindre petit accroc
A chaque week-end il part
Pour la chasse aux canards
Ou le golf de casino
C'est le genre vieux garçon
Il tond son gazon
Par petits morceaux
A coups d'ciseaux
Il tomb'ra sur un ostrogot d'une grande famille
Qui voudra caser sa fille
Alors tout s'ra parfait pour ce cher Sir Godfrey

Mais on ne sait guère que cet homme exemplaire
En réalité s'appelle Smith
Et que depuis toujours chez Smith on est gangster
De père en fils
Attaques à main armée, hold-up en tous genres
Vieille renommée. maison de confiance
Eté comme hiver
Aujourd'hui comme hier
On est fils d'Albion, on respecte la tradition

Le brouillard descend sur Londres
Dans la nuit se glisse une ombre
Celle de Sir Godfrey, le roi du requiem
Systématique le voici à l'heure du crime
" l beg your pardon sir...
Your money please... please. Thank you sir "
Il traite toutes ses affaires dans les quartiers déserts

Oui mais si par hasard il entre dans un bar
Quelque part dans le Soho
Tous les mouvais garçons figés comme des glaçons
Ont soudain froid dans le dos
Sans dire un seul mot, il fait son boulot
Un trou dons la peau, un coup d'chopeou
A ceux qui manquent de policemen pour les défendre
Puis Godfrey va se faire pendre
Ailleurs et sans histoire disparaît dans l'brouillard

Trois heures qui sonnent, c'est le moment
Sir Godtrey frissonne, voici un autre client
- Ho... I beg your pardon sir. What time is it please?
- Three o'clock
- Three o'clock? oh, thank you sir, thank you
It's kind of you and... good night!



Sous le ciel de Paris

Sous le ciel de Paris
S'envole une chanson
Hum Hum
Elle est née d'aujourd'hui
Dans le cœur d'un garçon
Sous le ciel de Paris
Marchent des amoureux
Hum Hum
Leur bonheur se construit
Sur un air fait pour eux

Sous le pont de Bercy
Un philosophe assis
Deux musiciens quelques badauds
Puis les gens par milliers
Sous le ciel de Paris
Jusqu'au soir vont chanter
Hum Hum
L'hymne d'un peuple épris
De sa vieille cité

Près de Notre Dame
Parfois couve un drame
Oui mais à Paname
Tout peut s'arranger
Quelques rayons
Du ciel d'été
L'accordéon
D'un marinier
L'espoir fleurit
Au ciel de Paris

Sous le ciel de Paris
Coule un fleuve joyeux
Hum Hum
Il endort dans la nuit
Les clochards et les gueux
Sous le ciel de Paris
Les oiseaux du Bon Dieu
Hum Hum
Viennent du monde entier
Pour bavarder entre eux

Et le ciel de Paris
A son secret pour lui
Depuis vingt siècles il est épris
De notre Ile Saint Louis
Quand elle lui sourit
Il met son habit bleu
Hum Hum
Quand il pleut sur Paris
C'est qu'il est malheureux
Quand il est trop jaloux
De ses millions d'amants
Hum Hum
Il fait gronder sur nous
Son tonnerr' éclatant
Mais le ciel de Paris
N'est pas longtemps cruel
Hum Hum
Pour se fair' pardonner
Il offre un arc en ciel



Syracuse

J'aimerais tant voir Syracuse
L'île de Pâques et Kairouan
Et les grands oiseaux qui s'amusent
A glisser l'aile sous le vent.

Voir les jardins de Babylone
Et le palais du grand Lama
Rêver des amants de Vérone
Au sommet du Fuji-Yama.

Voir le pays du matin calme
Aller pêcher au cormoran
Et m'enivrer de vin de palme
En écoutant chanter le vent.

Avant que ma jeunesse s'use
Et que mes printemps soient partis
J'aimerais tant voir Syracuse
Pour m'en souvenir à Paris.



Toi, tu ne ressembles à personne

Tu me demandes pourquoi je t'aime tant
Tu dis qu'il y en a de plus jolies que toi
C'est peut-être vrai
Mais crois-moi je sais
Qu'il n'a qu'un seul bonheur pour moi
C'est toi.

Les rues dans la nuit se ressemblent un peu
Et le ciel aussi qu'il soit gris ou bleu
Les jours de la vie sont bien monotones
Oui mais toi tu n'ressembles à personne
Si tu crois que c'est l'amour qui me fait
Te voir autrement autrement que tu n'es
Tant pis si j'ai tort j'ai mes rêves d'or
Car pour moi tu n'ressembles à personne
Sais-tu que le vrai bonheur se prend comm' ça
Comme on cueille une fleur ici ou là
Si d'être avec toi ça m'suffit à moi
Et si tout' ma vie j'n'ai qu'un' seule envie
C'est d'te voir comm' ça et d't'aimer pour ça
Car vois-tu tu n'ressembles à personne
Laiss'-toi faire crois-moi un amour comm' ça
Aucun autr' ne lui ressemblera.



Trois petites notes de musique

Trois petites notes de musique
Ont plié boutique
Au creux du souvenir
C'en est fini de leur tapage
Elles tournent la page
Et vont s'endormir

Mais un jour sans crier gare
Elles vous reviennent en mémoire

Toi, tu voulais oublier
Un p'tit air galvaudé
Dans les rues de l'été
Toi, tu n'oublieras jamais
Une rue, un été
Une fille qui fredonnait

La, la, la, la, je vous aime
Chantait la rengaine
La, la, mon amour
Des paroles sans rien de sublime
Pourvu que la rime
Amène toujours

Une romance de vacances
Qui lancinante vous relance

Vrai, elle était si jolie
Si fraîche épanouie
Et tu ne l'as pas cueillie
Vrai, pour son premier frisson
Elle t'offrait une chanson
A prendre à l'unisson

La, la, la, la, tout rêve
Rime avec s'achève
Le tien n'rime à rien
Fini avant qu'il commence
Le temps d'une danse
L'espace d'un refrain

Trois petites notes de musique
Qui vous font la nique
Du fond des souvenirs
Lèvent un cruel rideau de scène
Sur mille et une peines
Qui n'veulent pas mourir



Un gamin de Paris

Un gamin d'Paris
C'est tout un poème
Dans aucun pays
Il n'y a le même
Car c'est un Titi
Petit gars dégourdi
Que l'on aime

Un gamin d'Paris
C'est le doux mélange
D'un ciel affranchi
Du diable et d'un ange
Et son œil hardi
S'attendrit devant une oran-an-ge
Pas plus haut que trois pommes
Il lance un défi
A l'aimable bonhomme
Qui l'appelait "mon petit"

Un gamin d'Paris
C'est une cocarde,
Bouton qui fleurit
Dans un pot d'moutarde
Il est tout l'esprit
L'esprit de Paris qui musarde
Pantalons trop longs pour lui
Toujours les mains dans les poches
On le voit qui déguerpit
Aussitôt qu'il voit un képi.
Un gamin d'Paris
C'est tout un poème
Dans aucun pays
Il n'y a le même
Car c'est un titi
Petit gars dégourdi
Que l'on aime

Il est héritier
Lors de sa naissance
De tout un passé
Lourd de conséquences
Et ça, il le sait
Bien qu'il ignore l'Histoire de France
Sachant que sur les places
Pour un idéal
Des p'tits gars pleins d'audace
A leur façon fir'nt un bal

Un gamin d'Paris
Rempli d'insouciance
Gouailleur et ravi
De la vie qui chante
S'il faut, peut aussi
Comme Gavroch' entrer dans la danse

Un gamin d'Paris
M'a dit à l'oreille
Si je pars d'ici
Sachez que la veille
J'aurai réussi
A mettre Paris en bouteille.



Une demoiselle sur une balançoire

Un' demoisell' sur un' balançoire
Se balançait à la fête un dimanche
Elle était belle et l'on pouvait voir
Ses jambes blanches sous son jupon noir...

Le marchand lui criait : "Voulez-vous vous asseoir?
Descendez, descendez, c'est assez pour ce soir,
Si vous restez debout
Vous allez vous casser le cou!"
Mais la demoisell' sur la balançoire
Riait, riait et montait de plus belle
Elle était belle et l'on pouvait croir'
Qu'ell' s'envolait pour toujours dans le ciel
Mais c'était défendu
Elle est redescendue
Quand elle est descendue
Moi j'étais tout ému

Je lui ai dit: "Mad'moiselle
J'ai cru que vous aviez des ailes!"
On est allés au tir,
Aux ch'vaux d'bois, aux nougats
Au cirque, à la femm' tronc
Mais ça n'l'amusait pas...
Ell' m'a dit: "Je vous remercie
Je préfèr' retourner là-bas..."
Et voilà qu'ell' m'a laissé
Pour aller s'balancer

Un' demoisell' sur un' balançoire
Se balançait à la fête un dimanche
Elle était belle et l'on pouvait voir
Ses jambes blanches sous son jupon noir...

Quand elle est descendue,
Toujours aussi ému
Je lui ai proposé : "Voulez-vous m'épouser?"
A la mairie du douzième
J'ai dit oui, elle de mêm'
Je l'ai prise par le nez
Par le cou, par le bras
J'l'avais tout contre moi
Mais ça n'l'amusait pas
Ell' m'a dit: "J'vous remercie
Je préfèr' retourner là-bas..."
Et voilà qu'ell' m'a laissé
Pour aller s'balancer!...



Le joli mai

Перевод by Виктора Печака (Москва)
Прекрасный май

Joli mai, c'était tous les jours fête
Il était né coiffé de muguet
Sur son coeur il portait la rosette
La légion du bonheur joli mai.

On l'a gardé le temps de le croire
Il est parti pendant qu'on dormait
Emportant la clé de notre Histoire
Joli mai ne reviendra jamais.

Joli mai notre amour était brève
L'été vient qui mûrit le regret
Le soleil met du plomb dans les rêves
Sur la lune on affiche complet.

Joli mai tu as laissé tes songes
Dans Paris pour les enraciner
Ton foulard sur les yeux des mensonges
Et ton rouge dans la gorge de l'année.

 

 

Майский ландыш в прическах любимых,
Вечный праздник нам Май обещал.
Красный бант Легиона Счастливых
Самой главной наградою стал.

Было время безудержной веры,
И никто не заметил, когда
Ключ Истории был вдруг потерян.
Май - красавец ушел навсегда.

Насладиться нам счастьем не дали.
Летний зной все спалил до конца,
Солнца пули мечты оборвали,
И Луна остудила сердца.

Май, мы вспомним в Париже порою
Сны и радость и злую беду
Твой платок, обернувшийся тьмою
Для счастливых в багровом году.